« Créée en 1836 par mon aïeul Antoine Brun et disposant d'une scierie hydraulique alimentée par une roue à aubes, la marbrerie se trouve toujours dans les mêmes bâtiments. Les femmes ont une place importante : Augustine, la fille du fondateur, puis Joséphine Ravit ont tour à tour géré la marbrerie.
Au début du XXe siècle, mon arrière-grand-père Paul réalisait des cheminées à capucines [NDLR : un des modèles les plus courants sous Napoléon III] dont nous avons retrouvé la trace dans la cargaison d'un navire ayant coulé en Méditerranée. Après guerre, la marbrerie s'est orientée vers le dallage avant de se tourner vers la réalisation de cuisines, de salles de bains mais aussi d'autels ou de chœurs d'église. J'ai repris l'entreprise en 2011, et nous sommes présents de Belle-Ile-en-Mer à Paris, de la Creuse à la Normandie. Arrêtée en 1939, l'unité de sciage a été remontée il y a dix ans. Nous avons accès à des carrières de petits producteurs avec des marbres exceptionnels que l'on ne trouve pas chez les grossistes, comme le marbre rouge de Vitrolles. À travers mes travaux, les clients achètent un peu de ma vie, mais aussi une part de mon âme et de ma foi. Bientôt, ma fille Marguerite, 36 ans, tiendra les manettes de la 8e génération, accompagnée de mon fils François-Régis. Récemment, mon petit-fils a posé un petit mot sur ma table de nuit : “ Papi, je veux devenir marbrier et bosser avec toi à la scie. ” Le récit de notre marbrerie est celle d'une grande histoire d'amour ! »
1. Georges Ravit a été meilleur ouvrier de France en 1994, et son père, Régis Ravit, en 1976. La marbrerie a été labellisée Entreprise familiale centenaire.