« Le logement contribue à la paix sociale », a lancé Olivier Klein, ministre du Logement, à la soirée des 70 ans d’Action Logement, le 11 juillet, au Pavillon Baltard à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne).
Face à lui, plus de 1000 invités : Olivier Salleron de la FFB, Emmanuelle Cosse de l’USH, Patrick Martin du Medef, Marylise Léon de la CFDT, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, parlementaires, administrateurs des filiales d’Action Logement…
Si les discours des uns et des autres portaient essentiellement sur le chemin parcouru, plusieurs chantiers en cours ont été abordés, sous le prisme de « l’utilité sociale », a insisté Bruno Arcadipane, président du groupe paritaire, dont la mission première consiste à « loger les salariés ».
« Accession différée »
Commençons par la plateforme ouverte quelques heures avant l’événement, dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt pour les promoteurs immobiliers qui peinent à commercialiser leurs programmes.
A l’image deCDC Habitat (Caisse des dépôts) qui table sur l’acquisition de 17 000 logements neufs, Action Logement promet d’en acheter 30 000, situés à 40% en Ile-de-France. « Nous privilégions les bassins d’emploi dynamiques », a expliqué Nadia Bouyer, la directrice générale, interrogée par « Le Moniteur » en marge de la plénière.
22 000 deviendront des logements sociaux, et 8 000, des logements intermédiaires. Dans dix ans, les locataires de ces logements intermédiaires pourront activer une option d’achat, à un prix défini en amont, sur la base d’un indicateur non communiqué. « C’est de l’accession différée, car aujourd’hui, des salariés éligibles au logement intermédiaire ne peuvent pas acheter à cause de la remontée des taux », a-t-elle commenté.
10 logements minimum
Concrètement, les 50 filiales immobilières d’Action Logement visent « minimum 10 logements par programme, pour avoir une unité de gestion », a-t-elle poursuivi.
Clairsienne (Nouvelle-Aquitaine), Podeliha (Pays de la Loire) ou encore 3F Occitanie interviennent après le lancement commercial. « Si le promoteur a déjà vendu 10 logements sur les 40 de l’opération, et qu’il lui en manque 15 pour sécuriser le démarrage du chantier, on achète les 15 et ça fait effet de levier », a développé Nadia Bouyer.
Ces logements sont acquis en bloc à des prix inférieurs de 5 à 10% au prix de revient des promoteurs, selon Jacques Ehrmann, directeur général d’Altarea, également invité. « Nous sommes contraints d’accepter car nous devons surveiller notre trésorerie », confiait-il au « Moniteur » en juin dernier.
Ces achats en bloc se réaliseront avec les fonds propres des filiales d’Action Logement et « une enveloppe supplémentaire d’un peu moins de 300 M€ », issus des budgets 2023 et 2024, a déclaré Nadia Bouyer au « Moniteur ». Autrement dit, ce « plan 30 000 », comme l’a appelé Bruno Arcadipane, court jusque 2024.
Achat groupé de gaz
Action Logement accompagne ses bailleurs sociaux face à l’inflation (+5,7 % en juin). Exemple ? « L’achat groupé d’électricité et de gaz qui bénéficie depuis mai dernier à la moitié de nos filiales », a illustré Nadia Bouyer.
En parallèle, le groupe déploie son plan de décarbonation, bâti sur « un calendrier clair » avec « des choses concrètes », a rappelé Bruno Arcadipane, en discours de clôture. Annoncé en novembre 2022, il vise une réduction d’ici 2040 de 55% des émissions carbone du groupe par rapport à 2019.
Pour y parvenir, 8Mds€ par an seront engagés, via les fonds propres des filiales et l’endettement, auprès de la Caisse des dépôts principalement. Ces investissements visent à favoriser la géothermie, le raccordement à des réseaux de chaleur ou encore l’utilisation de matériaux stockeurs de carbone comme le bois dans les constructions neuves.
40 000 rénovations par an
En outre, les 1,1 million de logements détenus par Action Logement devront tous être étiquetés C d’ici 2030, à raison de 40 000 rénovations en moyenne par an. Fin 2022, Bruno Arcadipane en annonçait 42 500 en 2023... En revanche, l’objectif de 40 000 mises en chantier en 2023 est maintenu, malgré la conjoncture, a assuré Nadia Bouyer au « Moniteur ».
Se présentant comme un « chantre du paritarisme », Bruno Arcadipane en a profité pour souligner l’utilité des corps intermédiaires, « en opposition à la verticalité voire la brutalité » qui ne marcherait pas. Une référence aux frictions avec le gouvernement, jusqu’à la signature, avec six mois de retard, de la convention quinquennale. Inférieure de 800M€ par rapport à la précédente (2017-2022), celle-ci prévoit 200 000 nouveaux logements et 200 000 rénovations entre 2023 et 2027.