Les Pyramides d’or et d’argent pleurent l’un de leurs pères fondateurs : Jean-Paul Florentin, 68 ans, a succombé le 9 novembre à une crise cardiaque survenue au cours d’une partie de chasse en Alsace. Le promoteur alsacien avait contribué à porter l’événement phare de la profession, comme vice-président de la fédération nationale des promoteurs constructeurs délégué aux régions, de 2003 à 2009. Il avait commencé à exercer ce mandat national avec l’étiquette de président des promoteurs constructeurs d’Alsace Lorraine, entre 1999 et 2004, année qui avait coïncidé avec la première édition des Pyramides.
Père des Pyramides
Partenaire de cet événement national et régional, la rédaction du Moniteur devait forcément croiser le militant d’une image renouvelée du métier de promoteur : à son contact, l’hebdomadaire professionnel a trouvé non seulement un gisement de sujets mettant en valeur les acteurs régionaux de la construction, mais aussi un moyen d’équilibrer les maîtrises d’ouvrage publique et privée, dans la couverture de l’actualité de la construction.
Deux fois remportées par Spiral, l’entreprise présidée par Jean-Paul Florentin (en 2008 et 2010), les Pyramides d’argent, d’année en année, ont démontré l’ouverture des promoteurs à la diversité architecturale et à la montée en puissance des critères environnementaux de la qualité immobilière. Ultime consécration pour son président, Spiral a remporté, le 19 septembre 2012 à Paris, les premiers trophées de l’excellence immobilière, portés par les certificateurs de l’habitat, dans la catégorie « multicritères construction ». « Notre engagement précoce, sur le créneau de la construction durable, a contribué à adapter l’offre des PME de la région de Strasbourg aux défis du Grenelle », avait alors commenté le président de Spiral, pour lemoniteur.fr.
Baroudeur de la construction
Avant la majorité de ses confrères, Spiral avait intégré la dimension sociale de la construction durable, comme l’ont prouvé, en 2008, les « Jardins de Flore », une des premières opérations privées intégrées à la rénovation urbaine du Neuhof, quartier emblématique de la rénovation urbaine à Strasbourg. Parmi les traces les plus spectaculaires qu’il laissera à la capitale alsacienne, il faut citer les « Passages de l’Etoile », soit 20 000 m2 de logements et bureaux réalisés au milieu des années 2000 en co-promotion avec Weller, et qui ont lancé l’urbanisation des friches qui séparent le centre de Strasbourg du Rhin.
Avec sa moustache et ses rondeurs dignes d’un personnage d’Astérix, l’Alsacien d’adoption et auvergnat d’origine diffusait ses messages avec la bonhommie et la sagesse du bourlingueur rangé, mais encore pétillant d’énergie. Ingénieur en bâtiment issus de l’ESTP, il avait commencé sa vie professionnelle, en 1968 à Lyon, par le percement du tunnel de Fourvière, pour l’entreprise Borie. Son second stage, en fin d’études, l’amène au Maroc : directeur de travaux chez Trasoma, il construit les installations d’embarquement des phosphates à Casablanca, ville où, à la fin de son service militaire, il crée l’entreprise générale Tecoma.
Il s’y prend à deux fois avant de poser définitivement son ancre dans l’Est de la France, et dans le logement : en 1973, il prend la direction de l’entreprise vosgienne Hatier, filiale de l’électricien Pauly de Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier). Entré en 1975 dans le groupe Scic à Marseille, il prend la direction technique de Strasbourg en 1978, et acquiert à partir de là sa compétence de promoteur de logements en Alsace, présent dans les instances régionales, nationales et européennes de la profession.
Parmi ses derniers mandats, la présidence de l’union européenne des promoteurs constructeurs (2009-2012) illustre ce rayonnement, mais aussi le goût des défis difficiles, qui, jusqu’au bout aura caractérisé Jean-Paul Florentin : « Je considère comme une chance le fait d’accéder à la présidence de l’UEPC en période de crise », avait-il confié en 2009 au Bulletin Européen du Moniteur.