L’esplanade du J4 pourrait interagir sur Marseille à la manière du Guggenheim sur Bilbao. Cet espace, gagné sur la mer par des remblais à la fin du XIX siècle pour y construire les futurs hangars du port industriel de la ville, va accueillir deux bâtiments phares de « l’année capitale » : le MuCEM et la Villa Méditerranée, des édifices à la personnalité forte et à l’architecture étonnante, qui viennent tout juste d’être livrés. Le premier, signé Rudy Ricciotti et Roland Carta, est un cube minéral inséré dans une sorte de résille de béton qui établira une porosité entre intérieur et extérieur. Le second (Stefano Boeri) est un bâtiment sous- marin qui jaillit vers le ciel avec un immense porte-à-faux métallique qui se déploie sur 40 m. Le MuCEM devrait être ouvert au public en mai prochain quand la Villa Méditerranée pourrait accueillir ses premières manifestations en avril.
Huit maîtres d’ouvrage sur le même site
Dans un espace relativement réduit (esplanade de 25 000 m et 15 m à peine entre les deux bâtiments), Euroméditerranée a coordonné la bonne tenue de huit chantiers menés simultanément par huit maîtres d’ouvrage différents. Le MuCEM est le premier musée national totalement décentralisé. L’Etat et les collectivités auront investi 191 millions d’euros pour le musée lui-même, la réhabilitation du fort Saint-Jean - qui lui sera relié par une passerelle aérienne - et la construction dans le quartier de la Belle-de-Mai d’un bâtiment destiné à accueillir les « réserves » de ce musée et conçu par Corinne Vezzoni et André Jollivet. La région porte pour sa part le projet de la « Villa Méditerranée » (70 millions d’euros).Outre la réalisation de ces deux bâtiments, le site a vu la création par Vinci d’un parking souterrain de 700 places (30 millions, livraison janvier 2013), pendant que MPM terminait le creusement du tunnel sous le boulevard du Littoral, que la Ville de Marseille créait une nouvelle voie de circulation et qu’Euroméditerranée menait à bien l’aménagement de surface (18 millions TTC, livraison mars 2013). Sans oublier la réhabilitation du fort Saint-Jean et le creusement de deux darses (12 millions TTC, Yves Lion et François Kern), à l’est et à l’ouest, au pied du fort et ouvertes sur la mer. La première de ces darses, de faible profondeur (3 m) aura une fonction d’accueil et d’exposition de bateaux du patrimoine méditerranéen. La seconde (4 m) pourra avoir une vocation événementielle (manifestations temporaires, vieux gréements…). Il aura fallu établir très précisément des zones de chantier obligatoirement mouvantes dans le temps avec un planning très précis des différentes occupations, et notamment pour ce qui concerne les grues et les engins de levage.
