Arrimée le long de la Seine, à un jet de pierre des Docks (la cité de la Mode et du design) et du ministère des Finances, la maison de la Batellerie est un édifice en béton à la facture volontiers brutaliste. Victime d’interventions intempestives au fil des années – surélévation disgracieuse et pastiche, création d’une passerelle, rajoutis d’escaliers, « remplissage » de la structure sur pilotis, etc. – le bâtiment a retrouvé la transparence et « l’esprit de dépouillement et de simplicité » des origines, pour abriter le siège de la direction territoriale « Bassin de la Seine » de Voies Navigables de France (VNF).

Opalin
« Il fallait créer une nouvelle alliance entre patrimoine et modernité » plaide Jean-Baptiste Lacoudre. Ainsi, de l’ancienne surélévation, seule la structure métallique a été conservée et rhabillée d’une peau translucide, un « couronnement opalin » qui s’illumine à la nuit. Des bow-windows ont été percés sur l’ancien pignon aveugle au nord afin de bénéficier d’une vue directe sur le fleuve. Les pilotis (épaissis et encoffrés pour des raisons de sécurité incendie, de même que la sous-face du bâtiment) ont été réhabilités et les murs parasites supprimés. L’édifice retrouve ainsi sa légèreté et sa transparence au niveau du sol.

Adiabatique
Les plateaux de bureaux (300 m2) sont libres de toutes contingences techniques. Sanitaires et escaliers de secours sont positionnés à chaque extrémité. Les plafonds rayonnants hybrides prennent place entre les poutres de la structure béton. Pour atteindre la performance énergétique demandée (Créf -20% de la RT 2005) sans avoir à rhabiller le bâtiment par une isolation extérieure, l’architecte a privilégié de nouveaux vitrages et menuiseries à très haute performances thermoacoustiques en aluminium poli (Schüco), et des plafonds rayonnant hybrides (Barcol-Air) tirent parti de l’inertie des dalles en béton. En été, la production éventuelle de refroidissement est obtenue par « refroidissement adiabatique » (par évaporation de l’eau) via une centrale de traitement d’air double-flux (Adsolair de Menerga). En façade, le béton existant (d’à peine douze centimètres d’épaisseur!), en bon état, avec ses bas-reliefs de Jean-Pierre Duroux (Grand prix de Rome de sculpture) a simplement été gommé et hydrofugé.