Formation: Jean-Christophe Repon dénonce "une captation, presque un braquage"

Premier vice-président de la Capeb, Jean-Christophe Repon (par ailleurs président du CCCA-BTP) revient sur l’opposition de son organisation au schéma présenté par la FFB dans le cadre de la négociation sur le financement de l’apprentissage.

Jean-Christophe Repon
© ANNE VANDERSTEGEN / LE MONITEUR

Vous avez dénoncé l’objet de la négociation tel que la FFB l’a formulé. Quel reproche adressez-vous au texte de départ de la FFB ?

Jean-Christophe Repon : Nous avons en premier lieu avec cette négociation un problème de calendrier. La loi nous demande de négocier sur l’apprentissage, pour fixer le taux de contribution après l’année transitoire décidée pour 2019. Et nous nous retrouvons avec une proposition de la FFB portant sur les équilibres financiers globaux de l’ensemble de la formation, initiale et continue ! Cette négociation n’est pas en accord avec la demande des Pouvoirs publics.

Et sur le fond ?

J.-C. R. : Pour nous, il s’agit d’une captation, presque d’un braquage ! La FFB veut orienter les 80 M€ annuels du CCCA-BTP vers l’OPCO et mêler les contributions des petites entreprises à celles des plus de 50. C’est une façon de récupérer les moyens que la réforme de 2018 a retirés aux entreprises de plus de 50 salariés, au détriment des TPE.

Si ce texte était adopté tel quel, qu’est-ce qui changerait pour les artisans ?

J.-C.R. : L’outil historique qu’est le CCCA-BTP disparaîtrait en tant que tel, et les fonds iraient directement à l’OPCO. Or, il ne relève pas des missions de l’OPCO d’animer la pédagogie et le réseau de l’apprentissage en France ! Arrêter une offre de formation coordonnée et pilotée au niveau national fragiliserait fortement les métiers à faible effectif, mais aussi les zones rurales, car l’organisation libérale, portée par le marché, se tournera nécessairement vers les formations les plus rentables. Ce serait alors le modèle artisanal qui serait mis en péril !

La menace est donc aussi économique ?

J.-C. R. : Bien sûr ! L’apprentissage contribue à renouveler l’artisan, à lui apporter des compétences nouvelles. De plus, une entreprise artisanale qui embauche un apprenti le fait par souci de transmission des savoirs, mais aussi pour des raisons d’équilibre économique. Si les CFA étaient menacés dans certains territoires, les entreprises artisanales concernées en pâtiraient nécessairement.

Vous plaidez donc pour le statu quo ?

J.-C. R. : Pas du tout ! La Capeb assure depuis trois ans la présidence du CCCA-BTP et nous avons initié une réforme profonde de cette organisation, pour la rendre plus agile et plus efficace. Nous ne sommes pas fermés à voir son financement évoluer. Mais nous sommes attachés à un pilotage national de l’apprentissage, et ne sommes pas disposés à accepter un schéma dans lequel, dans 6 mois, 70 ans d’histoire s’arrêtent et où le financement bascule vers un OPCO dont l’agrément vient d’être remis en cause par le Gouvernement.

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