" Aucune des opérations BBC que nous réalisons en ce moment n'est équipée de chauffe-eau ou de chauffage électrique". En ouverture des assises organisées par Promotelec, le directeur développement durable de l' Office public « Paris Habitat » a pointé le coefficient de conversion utilisé pour passer de l'énergie électrique finale (consommée en aval) à l' énergie primaire (consommée en amont), fixé à 2,58 dans le cadre du référentiel BBC-Effinergie et de la RT 2012. Emmanuel Tual juge que ce coefficient pénalise, dans le calcul des consommations, la filière électrique, au profit du gaz pour lequel le coefficient est de 1. Il se fait le porte-parole de la filière qui, sur la thématique de la performance énergétique, se sent lésée par la comptabilité en kWh d'énergie primaire et non en tonnes de CO2.
" En France, 95% de l'électricité est décarbonée, donc l'enjeu environnemental est immédiatement levé" résume le député de la Manche Claude Gatignol. Invité par Promotelec à témoigner, l'ex-président du groupe d'études sur les énergies à l'Assemblée nationale a mis en avant les faibles émissions en CO2 de la production électrique française – quasi exclusivement d'origine nucléaire et hydraulique. Association regroupant industriels, installateurs et consommateurs, dont l'objet est de promouvoir les usages de l'électricité dans le bâtiment, Promotelec propose donc que les émissions de CO2 soient affichées dans chaque logement, afin que l'occupant puisse connaître les tonnes de CO2 dégagées du fait sa consommation d'énergie. L'association souhaite également que « soient mise en conformité la RT et le DPE ». Promotelec souligne, à travers cette proposition, le fait que seul le DPE exige une évaluation de la quantité d'émissions de gaz à effet de serre liée à quantité annuelle d'énergie consommé ou estimée.
Mais, la préservation de la couche d'ozone n'est pas l'unique « combat » de la filière électrique. Le maintien à domicile des personnes âgées, marché prometteur dans une France vieillissante, fait également l'objet d'une attention particulière de la part de la filière.
90 % des plus de 60 ans vivent chez eux et souhaitent y rester
" Les personnes âgées passent 3 millions de journées à l'hôpital chaque année et le coût d'une journée s'élève à 700 euros". Pour Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, les propositions des acteurs de la domotique, visant à maintenir à domicile le troisième et le quatrième âge, ne peuvent que "laisser rêveurs les commissaires aux comptes qui examinent actuellement le projet de loi de finances". Les membres de Promotelec se proposent en effet de définir, pour tout logement, un standard d'équipements en domotique et invitent les pouvoirs publics à faciliter la coopération entre les concepteurs de bâtiments intelligents et les acteurs opérationnels du maintien à domicile. En attendant, l'industriel Legrand a déjà commencé à se positionner sur cette thématique. François Hollande, Président du Conseil général de Corrèze, et Gilles Schnepp, PDG du groupe Legrand, ont signé une convention de partenariat sur l' assistance à l'autonomie dans le département.
Entre 1/3 et 1/4 des incendies de bâtiments sont d'origine électrique
Autre cheval de bataille de l'association : la sécurité des installations. Christian Pruvot, membre de l'Observatoire national de la sécurité électrique rappelle que "2/3 des installations électriques des logements mis en vente en 2009-2010 n'étaient pas aux normes" et qu' "entre 1/3 et 1/4 des incendies de bâtiments sont d'origine électrique". Ces dangers ne sont pas ignorés : une obligation de réaliser un diagnostic de l'installation électrique est aujourd'hui obligatoire lors de la mise en vente d'un logement. Stéphane Pavlovic, directeur de la Confédération générale du logement constate que dans 90% des cas, le constat d'une installation à risque débouche sur des travaux de mise en sécurité. Néanmoins, ce dernier juge que si 350 000 installations sont sécurisées chaque année, 350 000 basculent du côté des installations dangereuses. Promotelec propose donc de rendre également obligatoire le diagnostic lors de la réalisation d'un bail et de l'appliquer aussi aux parties communes des immeubles de logements.
Toutes les propositions de la filière sont regroupées dans un manifeste. Elles devraient être peaufinées par la suite et être défendues lors des prochains rendez-vous du calendrier politique.
