François Boulot, chargé de mission énergie au Secours Catholique indique que les aides de l'association humanitaire ont quasiment doublé dans l'énergie, de 2004 à 2011. Si cela semble être un indice de l'émergence du phénomène de précarité énergétique, pour Bertrand Lapostolet, chef de mission précarité énergétique à la Fondation Abbé Pierre, «les indicateurs manquent pour mettre en œuvre une politique publique ».
«Les propriétaires peuvent être pauvres», «les plus précaires ne se trouvent pas dans les logements sociaux des centres urbains», Bertrand Lapostolet souligne que la prise en compte de la précarité énergétique s'accompagne d'un changement de perception, même au sein des associations s'occupant des plus démunis. Selon lui, la montée en puissance du sujet fait également apparaître l'enjeu de santé publique qui en découle.
un euro engagé dans la lutte contre la précarité énergétique permet d'économiser près de 50 centimes de dépenses de santé
En attendant la livraison, prévue pour cet été, d'une étude sanitaire sur le phénomène de précarité énergétique, Bertrand Lapostolet rappelle les conclusions d'une enquête britannique sur le sujet, reconnue par l'organisation mondiale de la santé, qui conclut qu'un euro engagé dans la lutte contre la précarité énergétique permet d'économiser près de 50 centimes de dépenses de santé. «Les personnes en situation de précarité énergétique ont recours à des chauffages d'appoint au fuel qui provoquent des maladies respiratoires et cardio-vasculaires», explique Bertrand Lapostolet.
Animateur du réseau Rappel qui fédère différents acteurs autour de la prise en compte du phénomène de la précarité énergétique, Franck Dimitropoulos, indique qu' «il n'existe aucune statistique sur la pénétration du poêle à pétrole qui pourtant, selon lui, se vend plus que le poêle à bois ».
Si le portrait-robot du « précaire énergétique » semble se dessiner, propriétaire âgé et rural, son comportement vis à vis du chauffage et les risques sanitaires induits restent méconnus.