Industriels, préfet et élus ont officiellement créé le 14 avril à Saint-Nazaire une filière régionale dédiée aux EMR (énergies marines renouvelables). A la clé, des milliards d’euros d’investissement à saisir dont une partie pour les professionnels ligériens du BTP, même si ces derniers ne se sentent pas encore directement concernés par l’initiative portée par l’association d’industriels Néopolia.
Les acteurs régionaux restent toutefois en alerte. Ils attendent surtout du concret avec l’imminence du lancement de l’appel d’offres du gouvernement pour l’implantation de parcs d’éoliennes offshore au large des côtes de l’Atlantique.
L’activité est surtout dense dans les laboratoires pour adapter le niveau des connaissances techniques à la taille des parcs prévus en France beaucoup plus grands que ceux en place en Europe du nord, mais également aux dimensions gigantesques des éoliennes marines : 100 m de hauteur, 120 m de diamètre du rotor, 300 tonnes.
Solutions d’ancrage les plus appropriées
« Il faut notamment modéliser le comportement des éoliennes aux multiples contraintes auxquelles elles sont confrontées en mer : intempérie, corrosion, vent, houle… », explique Monssef Drissi-Habti, directeur de recherche à Ifsttar (1). Le CSTB de Nantes et l’école centrale se préparent d’ailleurs à doter le bassin de houle de cette dernière d’un ventilateur pour réaliser ces études qui sont également menées dans le cadre d’une thèse : « Essai combiné de la houle et du vent sur les structures offshore ». « Il s’agit aussi de déterminer les solutions d’ancrage les plus appropriées à chaque site : faudra-t-il fixer les structures en profondeur ou concevoir un système flottant ? », poursuit Monssef Drissi-Habti, qui doute de la capacité des entreprises régionales à réaliser ces travaux concernant surtout le génie civil : fondations, pose des éoliennes, installations portuaires, raccordement à la terre de l’énergie produite en mer.
Tout en étant encore « sceptique » face au potentiel des EMR, Bernard Théret, le patron d’Etpo et président du pôle génie civil écoconstruction, reste « attentif » et réfléchit à d’éventuels investissements dans les matériels adaptés (grosses barges, plates-formes élévatrices flottantes). Les entreprises régionales telles que Charier ou Eiffage Ouest prévoient de se cantonner aux aménagements terrestres de type quais, bases de vie, plate-forme de montage, accès routiers, tout en restant ouverts aux possibilités de sous-traitance offertes par les grands groupes qui réaliseront les travaux en mer.
De fait, le port de Nantes-Saint-Nazaire prévoit entre 20 et 50 millions d’euros de travaux « pour réaliser des quais en mesure de résister à des charges de plusieurs milliers de tonnes et des infrastructures adaptées à la manutention de pièces de grandes dimensions », souligne François Chevalier, directeur de la DTIE (2). Une zone de 100 ha au Carnet et une autre d’une vingtaine d’hectares en aval du pont de Saint-Nazaire sont réservées à cet effet.
