Comment voyez-vous le paysage du logement social post loi Elan ?
Marcel Rogemont : Depuis plusieurs mois, on assiste à un phénomène de banalisation du secteur HLM livré aux appétits de grands groupes qui agissent non plus pour le logement pour tous mais selon des critères de gestion financière. L'injonction de vendre du logement instille peu à peu l'idée qu'un HLM n'est plus HLM toute sa vie et ouvre au secteur privé la possibilité de s'y intéresser.
Nous avons devant nous de grands groupes qui font main basse directement ou indirectement sur la gestion financière des offices réduisant ainsi a minima la marge de décision des élus.
Ouvrir la possibilité de recapitaliser les offices
Le contexte ne s'avère-t-il pas plus complexe encore pour les OPH du fait de la territorialisation de leur action et de la difficulté à se recapitaliser ?
M.R : L'entrée de certains offices au sein de grands groupes favorise la concentration et la verticalité de la décision. Le clivage s'accentue avec les offices qui entendent garder la maîtrise de l'acte de construire dans les territoires. Pour maintenir une horizontalité de la gestion et de la décision, il faut savoir s'adapter.
Par exemple, un regroupement comme celui de Neotoa (l'ancien office public de l'habitat départemental d'Ille-et-Vilaine, présidé par Marcel Rogemont) et de Dinan Habitat avec la mise en commun 20000 logements va faciliter le développement de services nouveaux et donc de nouveaux métiers. Enfin, il ne paraît pas choquant que l'Etat autorise l'émission de titres participatifs à destination des collectivités territoriales. Et leur ouvre ainsi la possibilité de recapitaliser leurs offices.
Réfléchir à de de nouveaux services
Comment les OPH peuvent-ils développer de nouveaux métiers ?
M.R. : Les nouveaux métiers doivent intégrer les futurs besoins en matière de logement. Or, l'acte de posséder est derrière nous. Dans le futur, l'usage va dominer. Nous travaillons donc dans ce sens-là. En réfléchissant à de nouveaux services comme la pièce (partagée) à la demande, le meublé, la location temporaire.
Mais aussi sur le logement tout compris, en négociant des accords avec Groupama pour 20 000 assurances habitation ou des tarifs bonifiés avec des distributeurs d'électricité... Ces mutations impliquent à penser aussi en termes de mutation et d'adaptation du bâti.