« Nous nous situons au moment de bascule de la Solidéo, trois ans après sa création et trois ans avant la livraison des ouvrages olympiques. A mi-parcours, malgré la crise sanitaire et le report des élections municipales, nous respectons exactement le calendrier fixé début 2018, s’est félicité Nicolas Ferrand, directeur général exécutif de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo), lors d’un bilan d’étape, le 3 février. Nous avons passé les marchés les plus importants et presque tous les permis de construire sont déposés. Nous avons trois ans devant nous pour réaliser les travaux. Ce délai nous rend assez sereins car il nous permettra d’absorber d’éventuels aléas », a-t-il poursuivi.
Pour la Solidéo, « 2021 sera l’année du lancement de tous les grands chantiers ». De premiers travaux ont démarré pour l’enfouissement des lignes à haute tension entre Saint-Denis et Gennevilliers, sous maîtrise d’ouvrage de RTE. Trois autres chantiers commenceront en mars et, d’ici à la fin décembre, la construction de 32 ouvrages pour les JO de 2024 (sur un total de 62 à réaliser) aura débuté, mobilisant 9 000 salariés. Ce sont 750 millions d’euros de travaux qui seront engagés cette année.
Le plus grand chantier monosite de France
Dans cette première liste figurent les « méta-ouvrages » tels que le cluster des médias, le centre aquatique olympique, l’Arena de la Porte de la Chapelle ou encore le village des athlètes, qui sera, selon Nicolas Ferrand, « le plus grand chantier monosite de France avec 4 000 salariés, 400 poids lourds par jour, 40 grues et 10 maîtres d’ouvrage différents ». Sa localisation en site urbain avec des riverains très proches constitue une difficulté supplémentaire. « Nous travaillons avec les constructeurs sur de la logistique déportée, nous regardons comment éviter le stationnement des camions en double file à Saint-Denis et Saint-Ouen et aussi comment faire venir sur le site entre 3 200 et 3 300 compagnons », a-t-il indiqué.
Les 26 permis de construire du village olympique obtenus
Les travaux débuteront dans les semaines à venir en vue d’une mise à disposition auprès du comité d’organisation Paris 2024, le 1er mars 2024. A ce jour, les 26 permis de construire ont été obtenus. La semaine dernière, la Solidéo a signé les actes de vente définitifs des charges foncières du secteur D avec le groupement Icade/Caisse des dépôts/CDC Habitat, et ceux du secteur E avec Nexity/Eiffage Immobilier/CDC Habitat et EDF. Dans les jours à venir, le groupement Pichet/Legendre deviendra à son tour officiellement propriétaire des terrains du village des athlètes situés sur L’Ile-Saint-Denis.
Douches à l’italienne et plancher bois
Pour réaliser cette opération de près de 300 000 m2, 31 000 m3 de bois seront utilisés, avec un objectif de 50 % de bois français, de 30 % a minima « Ce volume est inférieur à ce que nous avions imaginé au départ. Mais, au regard des délais qui nous sont impartis, nous manquions de temps pour lever toutes les contraintes posées par le bois en grande hauteur, au-delà de 28 mètres. Nous n’avions pas d’assurance sur notre capacité à faire », a expliqué Nicolas Ferrand.
Aujourd’hui encore des problèmes techniques demeurent, comme celui de la pose de douches italiennes (conformément au principe d’accessibilité universelle du village olympique) sur un plancher bois. « Aujourd’hui, les assureurs ne veulent pas couvrir ce type d’installation à cause de la pourriture du bois provoquée par l’eau. Nous devons trouver une solution rapidement car Icade envisage de lancer ses travaux en mars », a décrit Nicolas Ferrand.
Incertitude sur les 50 000 m2 de bureaux du secteur Universeine
Au-delà de ces seules questions techniques, les sujets de préoccupation ne manquent pas pour l’équipe de la Solidéo, parmi lesquels celui de l’absence d’investisseur pour les 50 000 m2 de bureaux du secteur Universeine, sous maîtrise d’ouvrage de Vinci Immobilier. « Le promoteur, qui a perdu son investisseur en juillet 2020 à cause de la Covid-19, nous a annoncé qu’il ne pouvait plus poursuivre les études et engager la construction des bureaux », a précisé Nicolas Ferrand. Ce qui pose une réelle difficulté car ce programme tertiaire doit servir à l’hébergement des athlètes pendant l’été 2024. Selon le directeur général exécutif de la Solidéo, une solution pourrait provenir de l’appel à projet récemment lancé par l’Etat. Ce dernier recherche en effet, pour 2025, 45 000 m2 de bureaux en Seine-Saint-Denis afin d’y relocaliser les services d’un ministère. Encore faut-il que Vinci Immobilier remporte la consultation.
L’autre sujet en 2021 : l’espace public
Pour Nicolas Ferrand, l’un des enjeux de 2021 consistera « à ne pas se laisser totalement absorber par les chantiers ». « Nous devons poursuivre notre effort en matière d’innovation », a-t-il souligné. La Solidéo prévoit notamment de lancer de nouveaux AMI (appels à manifestation d’intérêt) sur la biodiversité, la signalétique inclusive, les capteurs, etc. « En 2021, l’autre grand sujet concerne l’aménagement de l’espace public, dans les deux villages, celui des athlètes et celui des médias. Nous portons l’ambition de montrer ce que peut être une forme d’urbanisme européen, qui s’appuie beaucoup sur la qualité de l’espace public ».
Enfin, la Solidéo est toujours à la recherche de son effet « Whaou ». « Nous voulons ajouter un petit grain de folie à ce beau projet olympique, mais de notre point de vue, un peu trop sage ! », a conclu Nicolas Ferrand.