Que représente pour le groupe NGE ce prolongement de la ligne 11 entre Mairie des Lilas et Rosny – Bois-Perrier, inauguré le 13 juin ?
C’est un long projet débuté en 2016, et qui marque pour le groupe son entrée dans le secteur des travaux souterrains. Avant cela, nous faisions principalement des aménagements de tunnel, comme celui de Saint-Béat en Haute-Garonne d’une longueur de 1066 mètres, un chantier en méthode traditionnelle. Nous avions senti à cette époque que les travaux sur les métros, RER et LGV allaient fortement se développer, et c’est ce qui est arrivé : alors que le chiffre d’affaires travaux souterrains en France était avant 2015 de 300 M€, il est passé avec le Grand Paris à 3Mds€ annuellement.
L’obtention de ces deux contrats de génie civil et de systèmes ferroviaires, dont NGE et TSO étaient respectivement mandataires, sur le prolongement de la ligne 11, nous a mis le pied à l’étrier. Si nous avions toutes les compétences en génie civil, en ferroviaire et en fondations, il nous manquait à ce moment la technique du tunnelier. Nous avons donc créé un groupement avec deux spécialistes du secteur : le suisse Implenia et l’italien Pizzarotti. A leur côté, nous avons appris le métier, et avons formé nos propre pilotes de tunneliers. A ce premier défi technique majeur s’est ajouté un autre : il s’agissait d’un chantier en zone hyperurbaine, où nous avons dû construire une station enterrée à 30m de profondeur au pied d’une tour de 18 étages. Nous avons dû aussi creuser les galeries en méthode traditionnelle très lentement, à raison de 60 cm par jour. Puis, il a fallu gérer les relations avec les riverains, notamment l’été, lorsqu’ils ouvraient les fenêtres, alors que les travaux juste en bas de chez eux ont duré 8 ans... Sur tous ces points, nous avons dû monter en compétence pour nous mettre à niveau.
Votre prochain gros chantier concerne le lot 2 de la ligne 15 ouest du Grand Paris. Quels sont les axes sur lesquels vous allez devoir monter en puissance pour réaliser cette infrastructure ?
Par rapport à la ligne 11, nous changeons encore d’échelle. Pour ce qui est du niveau de technicité, en tant que constructeur, nous sommes au point. Mais il y a deux choses auxquelles nous sommes moins habitués. La première concerne la conception de l’ouvrage, étant donné qu’il s’agit d’un contrat en conception-réalisation. Nous avons fait des conceptions de réseaux de LGV, d’autoroutes, de bâtiments industriels, mais c’est la première fois que nous concevons des superstructures souterraines avec la partie ferroviaire. Nous allons donc devoir monter en compétence sur cette partie conception des travaux souterrains. Nous avions déjà anticipé sur ce besoin avec la création de notre filiale NGE Ingénierie. Celle-ci est partie prenante de la conception du projet, en collaboration avec les ingénieries du groupement.
Puis, ce contrat en conception-réalisation nous oblige à reprendre une partie des prérogatives du maître d’ouvrage, comme les relations avec les élus, les administrations, etc. Nous devons par exemple obtenir nous même les permis de construire et ce, dans le cadre d’un projet cadencé, sur lequel nous nous sommes engagés sur des coûts et des délais. C’est un nouveau rôle pour nous que nous allons devoir prendre à bras le corps, pour assurer une pleine satisfaction aux parties prenantes du projet.
En plus de ces deux projets d’envergure, vous intervenez aussi sur le lot de génie civil GC04 de la ligne 14 sud, ou encore le deuxième lot de génie civil de la ligne 16 entre Le Bourget RER et Clichy-Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Où va vous porter toute cette expérience ?
Lorsque vous avez réalisé ces gros projets, vous obtenez une légitimité dans le secteur des travaux souterrains aussi bien en France qu’à l’international. Ainsi, nous nous portons de plus en plus sur de gros projets à l’étranger auxquels nous n’aurions pas pu candidater sans la réalisation de ces grands chantiers parisiens. Par exemple, le Maroc lance des appels d’offres pour la réalisation de lignes de RER, TER et LGV avec des lots souterrains dans le cadre de la coupe du Monde de football 2030 et sur lesquels nous nous positionnons. Nous avons aussi en ligne de mire des grands projets en Amérique du Nord et en Amérique latine.
En France, nous avons une attention très particulière aussi pour les projets de RER Métropolitains. Mais je voudrais rappeler que ces grands projets ne sont que la partie émergée de l’iceberg, et qu’en termes de volume de travaux, leur participation reste modeste. Ils nous permettent avant tout de nous structurer et nous apportent de la technicité.