Avec la question environnementale, désormais incontournable dans l'acte de concevoir et de bâtir, les procédés d'isolation par l'extérieur transforment le visage des bâtiments tout en en infléchissant les modes constructifs. Nombre d'architectes ont souscrit à ce récent credo, profitant des nouvelles exigences en la matière pour se livrer à des expériences formelles et structurelles inédites.
Tendance à la surisolation
Tandis que certains cèdent - ou peu s'en faut - à la tentation décorative, d'autres réfléchissent au traitement, à l'aspect et à l'impact visuel en ville des nouvelles enveloppantes isolantes ; tout comme à leur signification par rapport aux programmes. Ainsi des architectes parisiens de « l'Atelier du Pont » qui voient dans l'exercice l'occasion de sortir de l'opposition esthétique simpliste entre beauté et laideur d'un édifice. Mieux, ces mêmes architectes reconnaissent volontiers trouver enfin, grâce à l'approche environnementale et à la rationalité mathématique des calculs thermiques, une véritable légitimation de leurs choix architecturaux et de leurs options constructives. De son côté, l'ingénieur et architecte Franck Boutté met un bémol au dogme du « tout isolation par l'extérieur ». Une « pensée unique » qui, selon lui, guette l'architecture et ne présente pas que des avantages. Elle peut notamment générer, par des épaisseurs d'isolants sans cesse croissantes, une importante consommation d'énergie grise. contraire à l'approche environnementale même ! La tendance à la surisolation ne risque-t-elle pas de créer des générations de bâtiments autistes, opaques, refermés sur eux-mêmes, qui ne participent plus à l'urbanité, ni à la vie collective ? Quelques réalisations défrichent ces pistes. -