Exclusivement consacrée aux maisons et ateliers conçus par Paul Chemetov de 1962 à aujourd’hui, l’exposition Chacun sa maison apporte un nouvel éclairage sur un architecte que l’on connaît davantage à travers ses gros projets. Loin d’être une mise en cause de l’habitat collectif, elle rappelle l’importance de ce type de programme qui, malgré sa modestie, constitue une véritable aubaine en matière d’expérimentations (ci-dessus maison Sterckerman,1972). « C’est une échelle que l’on peut contrôler seul, une architecture qui m’a servi de laboratoire et qui contient déjà tout ce que j’ai développé après, explique l’architecte ». Au-delà du prétexte architectural que constitue la maison individuelle, l’exposition s’appuie sur un double travail de mémoire. Il y a d’abord un clin d’œil personnel, l’existence d’un album pour enfants, Chacun sa maison, paru au début des années 1930 aux éditions du Père Castor, illustré par le père de Paul Chemetov qui laisse volontiers entendre qu’il aurait prédestiné sa carrière. Et puis, la quasi-totalité de ses archives ayant brûlé en 2002, il y a la volonté presque vitale de reconstituer un pan d’existence qui ne se résume pas à la démonstration d’un exercice architectural mais qui demeure indissociable des histoires humaines qui l’accompagnent.
Toutes ces maisons ont été conçues à partir de quelque chose d’existant, qu’il s’agisse d’un arbre, d’un pan de mur ou encore d’une écurie : c’est la capacité d’assembler, d’être hétérogène et de s’intéresser aux autres qui est ici pointée du doigt. Sur les murs, des agrandissements à l’échelle 1 de photographies d’intérieurs créent un contraste avec la précision des maquettes au 1/100. Avec des photos de famille, prises par les occupants, c’est le point de vue du constructeur et celui des habitants qui se confrontent. Le « vivant » reprend le dessus, tisse les contours d’une mémoire retrouvée et fait ressurgir une réalité constructive toujours actuelle.
