Logement : Nexity limite la casse grâce aux bailleurs sociaux

Au premier trimestre, les ventes en bloc aux organismes HLM ont compensé le recul des ventes aux particuliers et aux investisseurs institutionnels. Si les difficultés de commercialisation s’accentuent ces prochains mois, le numéro un français du résidentiel neuf pourrait revoir ses objectifs financiers à moyen terme.

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Opération Art’Chipel à Marseille (Bouches-du-Rhône) par Nexity et OXO Architectes
Nexity vient de livrer l’opération résidentielle Art’Chipel (344 logements) à Marseille, imaginée par OXO Architectes. Il reste un T4 à vendre à près de 6000€/m².

Secoué par des difficultés de commercialisation comme Icade et les autres promoteurs, Nexity a vendu 2811 logements au premier trimestre (T1) 2023 pour 575M€ de chiffre d’affaires (CA). Sur la même période en 2022, le leader national du résidentiel neuf en avait vendu 3490 pour 627M€ de CA. Et au T1 2021, 3897 pour 882M€ de CA.

En volume, la baisse annuelle est donc de 19%. En valeur, de 25%. « L’écart entre les évolutions des réservations en volume et en valeur provient principalement du mix produit sur ce trimestre, avec une proportion plus importante des ventes aux bailleurs sociaux », commente Véronique Bédague, P-DG du groupe, par communiqué le 26 avril. En effet, un logement social se vend moins cher qu’un logement libre à destination des primo-accédants ou des investisseurs locatifs. La marge est alors rognée voire sacrifiée.

Légère hausse des ventes en bloc

Malgré la hausse du taux du Livret A qui finance le logement social, les bailleurs sociaux ont acheté 44% des lots réservés ces trois derniers mois (31% au T1 2022). Nexity « bénéficie de partenariats forts avec des bailleurs privés ou publics, permettant d’afficher un volume de ventes en bloc en légère hausse sur le trimestre (+2%) », souligne Valérie Bédague. Refroidis par la remontée des taux, les investisseurs institutionnels représentent seulement 5% des ventes (contre 8% au T1 2022).

Cette stratégie commerciale tournée vers les bailleurs sociaux a permis de compenser la chute des ventes au détail dans la continuité du T4 2022 (-33% par rapport au T1 2022). En cause, les clients particuliers qui peinent à trouver les financements nécessaires, alors que le taux d’usure sera encore relevé en mai, à 4,52% pour un crédit immobilier à taux fixe sur 20 ans, contre une moyenne de 3,39% ces trois derniers mois. Les accédants de tous types et investisseurs locatifs pèsent 51% des ventes (contre 61% au T1 2022).

Stabilité des services

Le groupe coté, dont le cours en Bourse a été divisé par deux depuis mi-2021, justifie la baisse annuelle de 8% du chiffre d’affaires issu du résidentiel « par un faible niveau de signatures d’actes en début d’année, conséquence du volume important d’actes signés fin 2022 lié à la fin du dispositif Pinel dans sa forme historique ». Depuis janvier, celui-ci est accessible sous deux formes : le Pinel classique, dont le taux de réduction d’impôt est dégressif, et le Pinel +, caractérisé par un « maintien des taux antérieurs, dans certains quartiers ou sur critères énergétiques et de qualité », lit-on sur le site du ministère de l’Economie.

Nexity se rassure avec l’immobilier d’entreprise, qui avait plombé son CA au T1 2022. Tirée ces trois derniers mois par le projet Symphony comprenant deux immeubles de bureaux près du futur siège social d’Engie à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), cette activité affiche un CA de 125M€, soit une hausse annuelle de 72%.

En parallèle, son CA généré par les services immobiliers (administration de biens, exploitation de résidences étudiantes…) est quasi-stable (-1%), à 194M€. A noter que le taux d’occupation des espaces de bureaux partagés, exploités par sa filiale Morning, est passé de 85% sur douze mois glissants au T4 2022 à 83% au T1 2023. Le CA global du groupe s’élève à 895M€, comme au T1 2022.

Carnet de commandes de deux ans

Pied fort du groupe destiné à croître, le logement affiche un carnet de commandes stable depuis plusieurs trimestres, autour de 5,2 Mds€, soit près de deux ans d’activité.

Concernant l’immobilier d’entreprise, les prises de commandes « devraient rester limitées en 2023 », anticipe Nexity. L’écoulement des grandes opérations en cours, à l’image de son futur siège baptisé Reiwa à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), doit toutefois « assurer une croissance » du CA. Reste que le backlog continue de décroître, à 695M€, contre 935M€ au T1 2022 et plus d’1Md€ au T1 2021.

Si le groupe table toujours sur une quasi-stabilité du CA global en 2023, un ajustement de ses objectifs à moyen terme est à prévoir en cas de « poursuite prolongée de la dégradation du marché », annonce Véronique Bédague. Concrètement, cela supposerait de modifier « le planning d’exécution des résultats financiers associés à Imagine 2026 ». Présenté en septembre 2022, ce plan stratégique repose sur le développement de l’immobilier géré pour atteindre en 2026 un CA de 6Mds€. L’an passé, Nexity a réalisé un CA de 4,7Mds€.

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