Ce n’est une surprise pour personne : l’année 2024 n’a pas été un bon cru pour le marché des fenêtres en France. Dans une conjoncture particulièrement défavorable, entre guerre en Ukraine et ambiance politique intérieure délétère, complétées par une crise du bâtiment sans précédent, les professionnels du secteur des fenêtres confirment avoir connu une année 2024 plus que difficile.

TBC Innovations estime le recul du marché des fenêtres en valeur à près de -9% en 2024 par rapport à 2023. Le nombre de fenêtres installées l’an dernier passe à un peu plus de 9 millions de fenêtres, sous la barre symbolique des 10 millions d’unités annuelles, alors qu’en 2022, il était de 11 millions !

2024, année désastreuse pour la pose de fenêtres en neuf
Après une année 2023 déjà marquée par un net repli du marché neuf, la situation s’est encore fortement dégradée en 2024. Cette crise profonde de la construction neuve pèse lourdement sur l’activité, entraînant un recul massif des mises en chantier et, par ricochet, des installations de fenêtres.

Le segment du logement collectif enregistre une baisse de -18 % et celui des maisons individuelles chute de -25 %, portant la contraction totale du marché à -18 % en volume pour l’ensemble des logements. La situation est violente et douloureuse pour beaucoup d’entreprise. Cette dynamique négative reflète une fragilisation durable de la demande et un attentisme généralisé des porteurs de projets. Bref, c’est la panne sèche.
La rénovation n’assure plus le relais
Souci supplémentaire, le segment de la rénovation qui prenait le relais ces dernières années et constituait le principal débouché du marché français des fenêtres a lui-aussi nettement ralenti en 2024. Après avoir servi de relais partiel à la baisse du neuf, la rénovation de fenêtres en diffus marque le pas, pénalisée par la frilosité des ménages face aux incertitudes politiques et économiques, mais aussi par les tergiversations et aux attentes sur les mesures incitatives comme Ma Prime Rénov.

Les arbitrages budgétaires freinent les projets, en particulier dans l’habitat individuel. En revanche, certains segments spécifiques tirent encore leur épingle du jeu : la rénovation dans le logement social reste soutenue, portée par les engagements des bailleurs.
Le non résidentiel affiche également une dynamique plus favorable, impulsée par les exigences du dispositif Eco Énergie Tertiaire, le programme EduRenov’ pour la réhabilitation des établissements scolaires et le plan de modernisation des hôpitaux. Ces chantiers ciblés ne suffisent toutefois pas à compenser le repli global du marché.
2025 : crise profonde dans le neuf, incertitude en rénovation
Évidemment, ce qui intéresse au plus haut point les professionnels, c’est l’avenir. Dans la peau de « Mme Irma », Anne Séverine Saboret, directrice des études et conseil de TBC Innovations a essayé, à la lumière des réponses des professionnels s’est risquée à quelques prédictions sur l’évolution du marché des fenêtres en 2025, en rénovation et en neuf.
Les entreprises font preuve de prudence quant aux perspectives de 2025, confrontées à la faiblesse de la demande en rénovation, à la chute des mises en chantier dans le neuf et à un environnement économique complexe.
Concernant l’activité en neuf, les professionnels interrogés, laissent entrevoir un pessimisme marqué quant à l’activité de pose de fenêtres pour 2025.
- 61% prévoient une baisse de leur activité de pose de fenêtres en neuf ;
- 27% envisagent une année stable pour le neuf ;
- Seuls 12% des professionnels interrogés perçoivent une progression en 2025.
Concernant l’activité en rénovation, les professionnels se montrent plus confiants.
- 23% des professionnels interrogés envisagent une progression de leur activité sur la rénovation de fenêtres en 2025 ;
- 48% envisagent une année 2025 stable ;
- 30% prévoient une baisse de leur activité.
Le PVC et l’aluminium font toujours course en tête
Lorsque l’on s’intéresse à la ventilation par matériaux, on constate que le PVC confirme sa position de leader en termes de volume posé. L’aluminium, quant à lui, s’installe solidement à la deuxième place en volume, tout en dominant le marché en valeur. Enfin, le bois subit la contraction générale du marché. Néanmoins, cette baisse est partiellement compensée par un regain d’intérêt des donneurs d’ordre pour les solutions bas carbone.
Les fenêtres colorées gagnent du terrain
La tendance se confirme, en 2024, 44% des fenêtres en aluminium et en PVC installées ne sont pas blanches. Un chiffre révélateur d'une évolution profonde des goûts en matière d’aménagement et de décoration extérieure. Si le blanc reste majoritaire, il perd progressivement du terrain. Teintes sombres, tons naturels, effets bois ou métallisés… les profilés colorés s’imposent comme un choix tendance pour donner du caractère et affirmer un style architectural. Un mouvement qui devrait encore s’amplifier dans les années à venir. La part de marché des fenêtres entièrement blanches diminue au fil des années, cédant la place aux modèles colorés qui séduisent de plus en plus les particuliers comme les professionnels.

Un changement durable : il y a 10 ans, seulement 26% des fenêtres aluminium et PVC posées étaient colorées. La progression est donc nette et constante, signe d’un réel engouement pour des menuiseries qui allient performance et esthétique. Il suffit de jeter un œil aux nouveaux catalogues des fabricants, la couleur est partout, et pas seulement le Gris 7016.
La dépose totale s’impose en rénovation
Lorsque l’on parle technique de pose, la dépose totale devient la configuration de pose la plus répandue en rénovation, marquant une évolution majeure des pratiques sur le marché. Cette technique, qui consiste à retirer complètement l’ancien dormant pour poser une nouvelle menuiserie, offre un meilleur clair de vitrage, des performances accrues et une esthétique plus soignée. Si la dépose sur dormant existant reste présente, sa part relative diminue au profit de solutions plus qualitatives.
Dans le même temps, la question du recyclage des anciennes fenêtres devient un enjeu de plus en plus intégré aux démarches des professionnels, notamment dans le cadre de la REP PMCB. Une dynamique vertueuse qui renforce la professionnalisation du secteur et l’alignement avec les objectifs environnementaux.
