La fusée est enfin prête à décoller. Reste encore cependant aux entreprises locales à trouver leur place sur ce gigantesque marché de la réhabilitation des anciennes cités minières que représente l'Engagement pour le renouvellement du bassin minier (ERBM). Sur dix ans, 330 M€ d'investissements seront réalisés, chaque année, pour rénover de fond en comble 23 000 logements, dont 90 % appartenant au bailleur social Maisons et Cités et 10 % à Sia Habitat.
« On nous disait que c'était impossible, mais nous allons le faire ! Nous allons doubler le rythme des réhabilitations. Pour ce grand projet, nous avons besoin de vous. Nous vous offrons de la visibilité et sommes prêts à répondre à vos questions », a souligné devant 150 entreprises le directeur général de Maisons et Cités, Dominique Soyer.
Etiquette C, voire BBC Rénovation. Pour que ce gigantesque chantier puisse bénéficier à l'emploi local, Maisons et Cités a, début mars, convié les entreprises de BTP de la région dans les salons VIP du stade Bollaert, à Lens, afin de leur présenter les prochains marchés. Objectif des travaux : transformer les maisons des cités minières, véritables passoires thermiques, en logements affichant une étiquette C, voire un niveau BBC Rénovation, tout en les adaptant aux nouvelles façons de vivre. Tous les corps de métier sont concernés. Christelle Gilloots, cheffe du département achats marchés du bailleur, souligne : « Nous avons simplifié au maximum l'acte de candidature. »
Le projet comporte deux exigences fortes. La première s'attache à la qualité des travaux réalisés, soumis au fur et à mesure du chantier à des contrôles internes et externes afin d'atteindre les économies d'énergie visées. Alain Neveü, délégué interministériel pour le renouveau du bassin minier, insiste : « Les collectivités qui fournissent un effort exceptionnel attendent notamment en retour du pouvoir achat pour les locataires. Assurer la performance des travaux est impératif. »
Le directeur général adjoint immobilier de Maisons et Cités, Hervé Minjon, détaille : « Chaque marché portera sur environ une centaine de logements. Pour répondre aux appels d'offres, les entreprises peuvent constituer un groupement tout corps d'état ou corps d'état séparés, mais avec un gros œuvre étendu pour garantir l'étanchéité à l'air. »
La deuxième exigence porte sur l'embauche de personnes en insertion, afin de pouvoir créer de l'emploi localement. Les marchés prévoient ainsi que 5 % du montant HT des travaux soient alloués à des heures d'insertion (soit environ 200 000 h/ an). Auxialys, un logiciel de suivi dédié mis au point par cinq bailleurs, sera mis à disposition des entreprises.
Assurer la performance des travaux et favoriser l'insertion locale.
Pour ces dernières, beaucoup de questions restent cependant en suspens. « Il faut des allotissements raisonnables afin que nous puissions candidater. Les clauses d'insertion doivent aussi tenir compte des spécificités de nos entreprises », souligne Paul Pechon, président de la Capeb Hauts-de-France. « Il reste des choses à discuter sur le calcul de ces heures, qui ne tient pas compte de la part du montant dévolu aux achats de matériaux dans le montant global du marché servant de base au calcul des heures d'insertion », souligne Olivier Danna, président de la FFB Lens-Artois. Il soulève aussi la question des modalités de valorisation du recours aux éco-matériaux dans la réponse aux marchés. Il ajoute qu'il s'agit également de rémunérer ces opérations - soumises à une exigence de qualité très forte - au juste prix. « Il ne faut pas non plus négliger les problèmes de trésorerie. Des avances peuvent peut-être être prévues ? Je ne veux pas que ce soit au final des travailleurs détachés qui réalisent les rénovations. Ce sont nos salariés qui habitent ces logements ! »