Reconstruire Notre-Dame, mais avec quels moyens? Si financièrement, les dons affluent, si les entreprises de la construction multiplient dons et propositions de mécénat de compétences, les questions sur les moyens humains à disposition sur certains métiers traditionnels sont clairement posées.
L’Etat veut donc profiter de la reconstruction de Notre-Dame de Paris pour attirer un maximum de jeunes vers les métiers du patrimoine. Muriel Pénicaud, la ministre du travail, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale et Franck Riester, le ministre de la culture, ont annoncé le lancement du label « Chantiers de France », ce jeudi 18 avril 2019, en fin de matinée. A l’initiative d’Emmanuel Macron, ce projet national vise à attirer "des milliers de jeunes " vers les métiers de la couverture, de la maçonnerie, de la charpenterie, des tailleurs de pierre, des peintres-décorateurs…"Ces dernières années, la filière a beaucoup souffert par un manque d’engouement des jeunes vers nos métiers", a indiqué Frédéric Létoffé, le co-président du Groupement des monuments historiques (GMH).
"Créer un appel d'air"
Le gouvernement espère profiter de la reconstruction de Notre-Dame pour « créer un appel d’air vers ces métiers ancestraux, transmis de génération en génération », a souligné Franck Riester, le ministre de la culture. Selon le secrétaire général des Compagnons du devoir, Jean-Claude Bellanger, le chantier pourrait mobiliser environ 550 personnes : 200 couvreurs, 150 charpentiers, 100 maçons, 100 tailleurs de pierre. « Le chantier de reconstruction de la cathédrale doit devenir le vaisseau amiral de toutes les formations sur les métiers liés à la restauration et à la rénovation du patrimoine », a indiqué Muriel Pénicaud, la ministre du travail.
Pour préparer son plan, le ministère du travail a réuni autour de la table les principales fédérations et organisations du secteur : Compagnons du devoir, Capeb, FFB, Assemblée permanente des chambres des métiers de l’artisanat (APCMA). Leur objectif : regrouper les centres de formation des apprentis et les lycées professionnels formant aux métiers d’art et mobilisés pour rebâtir la cathédrale. "Cette mobilisation de la Nation permettra la juste reconnaissance de ces métiers d’art peu connus des Français et parfois dénigrés, alors même qu’ils sont des métiers d’avenir mobilisés aujourd’hui dans de nombreux chantiers de rénovation du patrimoine", a souligné le ministère de la culture.
Un délai un peu court
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Les principales fédérations sont également revenues sur le délai de cinq ans fixés par Emmanuel Macron pour rebâtir l'édifice religieux. "Cela me paraît un peu court", a confié Patrick Liébus, le président de la Capeb. Et d'ajouter : "Il va falloir mettre en sécurité l'ensemble du bâtiment, le protéger de la pluie, vérifier que la pierre n'ait pas été trop brûlée et surveiller les autres désordres. Il ne faut pas vouloir construire des choses trop rapidement car sinon nous allons perdre l’âme de Notre-Dame".
De son côté, Frédéric Létoffé affirme que les travaux de reconstruction peuvent démarrer très rapidement. « Nous disposons des plans de la charpente, nous pouvons démarrer la coupe des éléments de structure en bois dès septembre prochain, même si le site ne sera pas encore sécurisé".