Depuis 1993, près de 400 jeunes en difficulté ont trouvé un travail dans le BTP grâce aux Groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (GEIQ) représentant 150 entreprises adhérentes. Quel bilan tirez-vous de vos actions ?
SYLVIE LEGROS ET PIERRE BONCHE : Les résultats sont satisfaisants avec plus de cent jeunes réinsérés dans le cadre du GEIQ TP et plus de 250 par le GEIQ Bâtiment. La formule des GEIQ permet de proposer aux entreprises un dispositif de sélection et de formation fiable, de 250 heures à 500 heures de formation avec tuteur pendant six mois à un an selon les cas. Le GEIQ, qui collabore étroitement avec la fédération compagnonnique, s'inscrit dans la longue tradition de l'apprentissage du BTP.
Que pensez-vous des jeunes recrutés en situation de difficulté ?
SYLVIE LEGROS : C'est un bon système qui, à titre personnel, m'a permis d'embaucher en direct deux jeunes formés comme chefs d'équipe et un troisième en contrat de qualification qui va passer son CAP.
Globalement, il est satisfaisant de participer à la remise en selle de jeunes dont certains sont vraiment dans la galère. Ils ont montré ensuite qu'ils pouvaient s'en sortir en prenant confiance en eux dans un environnement professionnel.
Cela dit, on éprouve réellement des difficultés croissantes à recruter des jeunes. On est inquiet pour l'avenir et on presse nos partenaires « recruteurs » des missions locales, ANPE, RMI, etc., pour qu'ils nous adressent plus de candidats.
Cette pénurie est un phénomène nouveau...
On subit bien sûr les effets de l'image négative de la profession qui passe à tort pour être mal payée avec une grande pénibilité. Mais surtout, la situation s'est tendue avec la décrue du chômage : les missions locales n'envoient presque plus personne, sinon des jeunes vraiment paumés ou en délinquance, qui ne sont pas de notre ressort. Mais il y a encore un volant important de chômeurs et de RMIstes. Or, le GEIQ est un tremplin vers l'emploi où les ouvriers les plus « mal » payés chez nous sont quand même, avec les primes, à plus de 8 000 francs net par mois !