Habituée à couvrir de panneaux photovoltaïques des toits de bâtiments industriels du sud-est , «Ciel et terre», jeune entreprise nordiste spécialisée dans la conception, le financement et l'exploitation de centrales photovoltaïques, vient de déposer le permis de construire de son premier projet de centrale solaire flottante dans la commune de Piolenc. Un permis qui n'a pas été déposé hâtivement. "Depuis deux ans nous consultions les services de l'Etat. Nous les avons tous vus : police de l'eau , Dreal, Drire..." précise Eva Pauly, responsable du développement des centrales solaires flottantes au sein de «Ciel et terre».
Ayant servi auparavant à fournir en granulats le chantier de l' A7 et de la voie ferrée adjacente, aujourd'hui bassin écrêteur de crues du Rhône, le lac de carrière accueillera demain 40 000 modules photovoltaïques implantés sur un radeau de 21 hectares. Ancrée au fond du lac à 40 m de profondeur grâce à un procédé breveté, la centrale devrait produire 16 000 MWh par an. Soit, d'après « Ciel et terre », plus de 2 fois la consommation électrique des 5000 habitants de Piolenc. Le coût des investissements est estimé à 35 millions d'euros.
Sous condition d'obtention du permis de construire, la commune, propriétaire du site, proposera à «ciel et terre» un bail emphytéotique. Locatrice du site, l'entreprise aura en charge la gestion de l'installation et revendra à EDF les kWh produits. Malgré l'inconnu réglementaire sur les tarifs de rachat, Eva Pauly se veut confiante et espère pouvoir inscrire ce projet dans le cadre des appels d'offres à venir et ainsi obtenir un retour sur investissement autour de 15 ans.
Eviter le conflit d'usage
Pour Eva Pauly, les centrales solaires flottantes permettent d'éviter le conflit d'usage des terres, notamment avec l'agriculture, et mettent en valeur des bassins industriels non utilisés. "Le communes ont une bonne perception de ce nouveau type de parc photovoltaïque" précise-t-elle. Quatre autres permis de construire portant sur des projets de parcs solaires flottants, tous situés en dessous de la ligne Bordeaux-Lyon, devraient être déposés avant l'été. Elle constate également un grand intérêt, en France et à l'étranger, de la part des distributeurs d'eau, des gestionnaires de barrages hydrauliques ou encore d'entreprises agroalimentaires disposant de grandes surfaces d'eau.