Pierre Mauroy, géant bâtisseur de métropole

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L’ancien Premier ministre et maire de Lille Pierre Mauroy s’est éteint à l’âge de 84 ans. Il laisse à Lille un grand héritage bâti, prémisse de la métropolisation de la capitale des Flandres.

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Pierre Mauroy sur le chantier du parc Matisse, le 23 avril 1994. A droite, Jean-Paul Baïetto, directeur de la Sem Eurallile

Si la France de gauche salue la mémoire de l’homme de la cinquième semaine des congés payés, des 39 heures, de l’ISF… c’est tout le peuple de Lille qui rend hommage à l’homme qui transforma la ville. Elu Maire de Lille en 1973, il est l’artisan d’une profonde mutation de la capitale des Flandres, qui vit à l’époque de profondes mutations économiques. Il restera maire pendant 28 ans et président de la communauté urbaine pendant près de 20 ans avant de passer la main à Martine Aubry. Des mandats qui permettent de mener à leur terme de grands projets.

Des projets urbains, tels que la rénovation du Vieux Lille, dont les anciens se rappellent la vétusté. Il soutient dans les années 1970 la demande de classement en secteur sauvegardé de ce patrimoine pourtant très mal perçu par les Lillois. On était encore dans une période de grandes démolitions d’ilots complets dégradés pour y construire des résidences modernes, à l’image du quartier Saint-Sauveur près de la mairie. Il classe donc ce quartier tout en calmant les ardeurs des promoteurs les plus actifs pour y préférer des programmes sociaux, initiant ainsi une politique de maintien des classes populaires en cœur de ville. Il sauve une nouvelle fois le Vieux Lille en 1982 en abandonnant un vieux projet d’anneau routier de l’hyper-centre, le « ring ». Cette voie devait traverser la cathédrale Notre Dame de la Treille, aujourd’hui un des joyaux du vieux-lille.

Le Tunnel, mère des batailles

Pour accompagner le développement de la métropole, il étend vers Roubaix et Villeneuve-d'Ascq le métro automatique porté politiquement par l’ancien président de la communauté urbaine et maire de Lomme, Arthur Notebart. Mais la mère des batailles politiques, c’est depuis Matignon qu’il la porte en convainquant la Dame de Fer de dire « yes » au tunnel sous le manche en 1982. Il gagnera dans la foulée la guerre du tracé contre Amiens et permettra au TGV de rejoindre Lille, puis Londres.

Gagner une ligne à grande vitesse vers le Nord ce n’était pas encore gagner une nouvelle desserte dans Lille alors que la SNCF engage à l’époque sa politique de gares en périphérie. Pierre Mauroy veut profiter du TGV pour créer un quartier d’affaires. Il obtient du premier ministre Jacques Chirac en 1986 la création d’une gare TGV en centre-ville et c’est le démarrage de l’aventure Euralille.

Trois hommes clés pour accompagner ce développement. Bernard Massé, son directeur de cabinet, Bernard Guilleminot, l’ingénieur et l’homme du métro, et Jean-Paul Baïetto, l’aménageur qui dirigera la SEM Euralille. Le troisième quartier d’affaires de France pousse alors sur le nœud routier et ferroviaire, sur un plan conçu par Rem Koolohas, sélectionné après deux jours d’auditions sans plans ni maquettes ! Au décès de Jean-Paul Baïetto, Pierre Mauroy aura le flair d’appeler à Lille Jean-Louis Subileau, qui saura donner un nouvel élan à Euralille.

Le Grand Stade, symbole d’une métropole

Ses dernières années à la communauté urbaine ont été centrées sur deux grands dossiers : l’aire métropolitaine et le Grand Stade. Capable de disserter des heures sur le premier dossier pourtant technique et sans saveur, Pierre Mauroy souhaitait pousser la métropolisation de Lille en y associant au nord les villes belges de Courtrai et Tournai et au sud le bassin minier du Pas-de-Calais. Le dossier du Grand Stade, dernier contrat signé par le président de la communauté urbaine, un stade installé à Villeneuve-d'Ascq pour y accueillir l’équipe de Lille, est certainement l'équipement qui symbolise aujourd'hui une métropole accomplie.

S’il fallait désormais trouver un lieu pour commémorer son nom, c’est certainement au fronton du Jardin des géants qu'il faudrait l'inscrire, un projet qu’il a porté à bout de bras contre tous les avis techniques, une emprise de sérénité au cœur du bouillonnement métropolitain d'Euralille.

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