Reportage

Pilote de tunnelier : des heures sous terre avec Steffie

Eric Dumont creuse le premier tunnel du Grand Paris Express aux commandes de sa machine de 106 mètres de long et 1 650 tonnes.

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D 'un chantier du siècle à l'autre ! Eric Dumont, 47 ans, l'un des trois pilotes de Steffie-Orbival, le premier tunnelier du Grand Paris Express, a fait ses armes sous la Manche, à des dizaines de mètres de profondeur. « J'avais 18 ans. Le tunnelier du Transmanche faisait 250 mètres de long. Tout était gigantesque, démesuré. D'abord affecté à l'injection des mortiers, je suis passé en cabine de pilotage où, pendant un an, j'ai été formé par les pilotes en poste », raconte-t-il.

Il complète cette formation « sur le tas » par un baccalauréat professionnel en maintenance des systèmes mécaniques automatisés, puis participe à la construction du métro de Lille. Après avoir pris le temps de « fonder une famille et [de] voir grandir ses enfants », il revient aux commandes d'un tunnelier en 2017 sur le chantier de la galerie de reconnaissance du Lyon-Turin. Il y reste quelques mois avant d'être recruté, en mars, par Implenia, l'une des entreprises du groupement L15 sud-T2C (mandataire : Demathieu Bard). Depuis, à bord de Steffie-Orbival (106 m de long, roue de coupe de 9,83 m de diamètre), il fore le tunnel de raccordement (2,2 km) entre le futur centre de maintenance de Champigny (Val-de-Marne) et la ligne 15 sud.

12 mètres de plus chaque jour

Les yeux rivés sur les sept écrans de sa cabine, Eric Dumont surveille simultanément de nombreux paramètres : la trajectoire de la machine, la qualité du marinage, l'usure des outils de la roue de coupe… En zone très urbanisée, sa tâche principale consiste à garantir en permanence un confinement régulier dans la chambre de coupe pour éviter les affaissements de terrain, et donc les dégradations en surface. « Cela demande une attention constante », confie-t-il. En cas d'aléas, les solutions s'élaborent en commun, et d'abord avec l'ingénieur de poste. « Malgré ses responsabilités, le pilote ne doit jamais oublier qu'il ne représente qu'un rouage dans une équipe », insiste-t-il.

Steffie-Orbival tourne 24 h/24, cinq jours sur sept au minimum, mobilisant 70 personnes en trois-huit. Une quinzaine d'entre elles interviennent à bord : l'érectoriste (pose des voussoirs), les opérateurs tapis (entretien des convoyeurs à bandes), les locotractoristes (conduite des trains d'approvisionnement), etc. « Un tunnelier n'est ni plus ni moins qu'une usine en mouvement qui fabrique du tunnel », souligne Eric Dumont.

Le travail s'organise en cycles très répétitifs. D'abord l'abattage du terrain sur une longueur de 2 m puis, tunnelier à l'arrêt, la pose de la paroi du tunnel qui consiste en un anneau formé de sept voussoirs. La machine redémarre, progressant de 12 m par jour en moyenne. « Je ne m'ennuie jamais, assure le pilote. J'apprécie de vivre dans ce monde singulier, à un rythme décalé. Il y a aussi la confraternité des mineurs de fond et la fierté de faire partie de ce métier. » Cette passion pour les voyages à l'aveugle, à un tempo mesuré, cohabite, chez Eric Dumont, avec une envie de découvrir d'autres horizons. Après le Grand Paris Express, il envisage de partir travailler à l'international.

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