Un groupe de travail « réemploi » a été constitué au sein de la FFA le 13 décembre 2018, comment se déroulent ses travaux ?
Le réemploi est un sujet de plus en plus abordé par les assureurs-construction, qui sont davantage sollicités par leurs clients. Mais ce marché reste émergent, car il est peu développé et structuré. Ainsi, les assureurs-construction ont souhaité mener une réflexion afin de mieux l’appréhender. Ils ont donc examiné ce qu’est un matériau réemployé, analysé le déroulement d’un marché en réemploi et adressé des recommandations aux professionnels qui le mettent en place. Pour le moment, ces acteurs ont travaillé sur le réemploi au sens entendu d’un matériau dont l’usage et la performance futurs sont identiques à ceux d’origine ou moindre. En la matière, l’étape cruciale est celle du diagnostic.
Quel sera le travail des diagnostiqueurs ? Leur régime de responsabilité est-il adapté aux éventuelles difficultés rencontrées ?
Le diagnostiqueur va examiner visuellement ou à l’aide de documents les matériaux pouvant être remployés après la déconstruction. Ainsi, il doit disposer de compétences en construction, en matériaux, et pas seulement des compétences immobilières que nécessitent les diagnostics amiante, thermique, etc.
Ce professionnel n’a aucun lien avec l’opération de construction d’un ouvrage, il n’est soumis qu’à un régime de responsabilité professionnelle. Cependant, une nouvelle responsabilité relative à la valorisation du matériau considéré comme réemployable pourrait émerger, car les maîtres d’ouvrage vont établir leur schéma financier sur la base de son diagnostic. Dans les prochaines années, ce métier sera plus qualitatif pour mieux déconstruire et conserver la qualité du matériau.
Quelle est l’étape la plus importante pour réussir un réemploi ?
C’est la qualification technique des matériaux réemployés. Il s’agit de vérifier qu’une fois déconstruit, le matériau revêt toutes les caractéristiques essentielles auxquelles il doit répondre en terme de performance réglementaire ou technique afin d’être réemployé dans un ouvrage, ainsi qu’aux exigences de viabilité et de pérennité de la garantie décennale. Malheureusement aujourd’hui, comme le soulignent les assureurs-construction, cette qualification technique est généralement inexistante dans les process proposés.
Que faut-il faire pour y remédier ?
Premièrement, il faut parvenir à obtenir un référentiel méthodologique de qualification du matériau pour l’ensemble des professionnels afin d’éviter de mauvaises surprises. Deuxièmement, pour passer d’un marché émergent à une réalité économique viable, les assureurs-construction recommandent aux professionnels de développer d’abord le réemploi sur des matériaux de second œuvre à exigence performantielle moindre. A la FFA, nous avons listé à titre indicatif les matériaux qui nous semblent pertinents pour débuter tels que des faux plafonds, des plafonds, des équipements sanitaires, etc.
Que reste-t-il alors à faire pour développer massivement le réemploi dans les prochaines années ?
Le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et la Fondation bâtiment énergie travaillent sur un guide global et des guides méthodologiques déclinés par familles de produit – qui seront édités prochainement. Pour la FFA, cette étape est très importante pour que la filière parvienne à se structurer. Les professionnels doivent se saisir des travaux menés sur la question afin de se diriger vers des règles professionnelles et à terme vers une technique courante.
L'objectif principal est de développer ce marché pour répondre aux problématiques sociétales, environnementales et économiques qui se posent et de modifier ainsi la manière de construire en prenant en compte la question des ressources. Il faut également permettre aux entreprises et aux maîtres d’ouvrage de ne pas solliciter à chaque fois leurs assureurs pour chaque marché de réemploi. Les assureurs-construction, eux, se disent prêts à examiner les règles professionnelles qui seront proposées.