C'est à l'occasion des traditionnelles journées techniques de la route, organisées par l'ATR (*) les 24 et 25 juin derniers dans les Pays-de-la-Loire, que le nouveau directeur des routes Patrick Gandil a pour la première fois pris la parole devant la profession. Principal sujet du moment : le projet de réforme autoroutière, sur lequel la Cour des Comptes a pris la semaine dernière des positions controversées.
Le successeur de Christian Leyrit estime qu'il manque quelque chose dans notre gamme autoroutière, entre la route nationale et l'autoroute : « Nous allons désormais trouver des situations autour de 10 000 véhicules/jour, pour lesquelles la construction d'une autoroute n'est pas raisonnable. »
Question financement, le directeur des routes entrevoit une « zone grise » entre le concédé et le non concédé : « L'adossement n'est plus possible aujourd'hui, mais il est bon que le réseau concédé actuel puisse continuer à participer au développement du système de transport en France. J'ai bon espoir que les débats à Bruxelles sur l'allongement des concessions aboutissent. Nous devons en effet retrouver des circuits de financement qui permettent de récupérer des moyens pour financer de nouvelles liaisons ».
Le calcul de la dette
A propos de l'endettement des Semca (**), la direction des routes (DR) et la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) ont par ailleurs tenu à préciser certains éléments sur le rapport de la Cour des Comptes.
Selon la DR, les prévisions de long terme du trafic, établies sur des chiffres prudents, montrent que le secteur autoroutier concédé aura remboursé son endettement avant la fin des concessions. De concert avec la FNTP, elle rappelle que les autoroutes sont des investissements très lourds dont la rentabilité est différée. Et que le calcul d'une dette ne prend en compte ni les charges différées (37 milliards de francs pour les Semca), ni les intérêts dus (75 milliards). Ainsi, l'endettement des huit Semca s'établit aujourd'hui à 137,3 milliards de francs, devrait atteindre 170 milliards en 2004, pour être ensuite remboursé en 15 ans.
Choqué par l'analyse de la Cour, Jacques Oudin, président d'Autoroutes Avenir, souligne quant à lui que la route est le seul système de transport qui soit équilibré : « A la différence du ferroviaire, la dette est engagée sur des recettes qui croissent de 8 à 10 % chaque année. Et la route dégage 8 milliards de francs d'excédents qui partent en taxes, impôts et contribution au FITTVN. Le tout avec un financement sur des emprunts à dix ans, pour des infrastructures construites pour au moins cent ans » !
(*) Association technique de la route. (**) Sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes.
GRAPHIQUE : Evolution de l'endettement des SEMCA, en milliards de francs de 1990 à 2018 - Equilibre à long terme (Source FNTP)
Les études financières à long terme montrent que les Semca rembourseront leur endettement avant la fin des concessions.
L'allongement de ces dernières est envisagé pour construire de nouvelles sections.