Connu depuis près d'un siècle comme un fournisseur d'eau potable et spécialiste du traitement des eaux usées pour les industries et les collectivités, Saur a entamé il y a quelques années un virage stratégique et s'est donné pour mission de préserver au maximum la ressource en eau. « Cette "mission water", notre raison d'être, se concrétise par exemple par l'indexation de notre performance financière sur l'atteinte de nos objectifs d'économies d'eau. En cas de retard nous payons des pénalités », explique Marie Francolin, vice-présidente exécutive du groupe, en charge de la stratégie, du développement durable, de l'innovation et des services.
Autre conséquence de cette "mission" : l'ouverture vers le grand public et l'immobilier. Ainsi, Saur Building Water Solutions est venu rejoindre Industrial Water Solutions avec l'idée de réinventer la gestion de l'eau dans le bâtiment.
Réut à l'échelle d'un bâtiment
Première initiative concrète : la création d'Odalie, une joint-venture entre Saur Building Water Solutions et la start-up Inovaya, et la mise au point d'une innovation, présentée lors du Salon de l'immobilier bas carbone (Sibca) le 8 octobre, dans le domaine de la réutilisation des eaux grises (douches, lavabos, baignoires, lave-linge) des bâtiments.
« Nous avons investi dans la création d'une unité miniature de traitement des eaux usées. Baptisée Aquapod, elle permet la récupération, le traitement et la réutilisation de jusqu'à 45% des eaux grises d'un bâtiment de 40 à 150 logements », détaille Guillaume Germain, directeur de Saur Building Water Solutions.
« Dans un contexte ou de plus en plus de départements conditionnent la délivrance d'un permis de construire à la ressource en eau disponible, l'Aquapod peut être un élément déterminant de par sa faculté à permettre à la fois des économies sur la consommation d'eau mais aussi sur la facture finale des habitants », assure Guillaume Germain. « En effet, l'eau fournie via l'Aquapod est moins chère que l'eau potable dont le prix est appelé selon certains experts à doubler d'ici 2030. Autre bénéfice, la "réut" est une garantie que les espaces verts de certains projets ne seront pas victimes d'éventuels "arrêtés sécheresse" interdisant l'arrosage », poursuit-il.
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100 000 €
Des promesses qui ont déjà séduit Bouygues Immobilier, avec qui Saur a signé un contrat de partenariat sur le Sibca. « Il porte sur le déploiement dès que cela est possible et souhaitable de l'Aquapod dans les projets de Bouygues Immobilier », explique Guillaume Germain, qui se félicite de la prise de conscience des acteurs de la construction de l'importance de la question de l'eau. « Je pensais que le travail d'évangélisation serait plus long », s'amuse-t-il.
Le prix - 100 000 € - son coût d'exploitation - 6000 € par an - et la nécessité d'installer un double réseau (récupération, traitement et réutilisation) réservent pour l'instant l'Aquapod à la construction neuve. « Et c'est aussi pour cette question du prix que nous avons décidé avec Bouygues Immobilier, d'inclure le Capex dans les coûts de construction du bâtiment. Le surcoût final devant être compensé par les économies réalisées par les habitants », conclut Guillaume Germain.