Le 18 novembre, l'effondrement d'un pont suspendu enjambant le Tarn, à Mirepoix-sur-Tarn, près de Toulouse, a relancé le débat sur la sécurité des ouvrages d'art. Le drame, qui a causé la mort d'une adolescente et "probablement" la disparition de plusieurs autres personnes, intervient alors que le sujet de l'entretien des ponts est fréquemment remis sur la table depuis la tragédie pont Morandi, à Gênes, en août 2018.
Il y a un an, le Sénat avait alors décidé de mettre en place une mission d'information sur cette problématique. Hervé Maurey, président de la dite mission, a réagi à l'événement survenu en Haute-Garonne auprès de l'AFP : "Lorsque nous avons titré notre rapport 'Sécurité des ponts, éviter un drame', nous étions dans le vrai. Et malheureusement, ce qu'il s'est passé illustre bien ce que nous disions dans ce rapport, à savoir qu'il y avait une vraie dangerosité sur l'état de nos ponts".
Le co-rapporteur Michel Dagbert (PS) a fait part de son "effroi". "Ce qui fait froid dans le dos, c'est que cela vient confirmer ce qu'on avait pu connaître de par les auditions, les contributions", a-t-il déclaré à l'AFP.
L'ouvrage n'était pas considéré comme sensible
Selon le conseil départemental de Haute-Garonne, dont dépend son entretien, ce pont "n'était pas répertorié comme un ouvrage sensible". Mais pour le sénateur Maurey, "nous pouvons tout de même nous interroger: si un pont qui n'était pas recensé comme dangereux s'est effondré, qu'en est-il de ceux qui eux sont clairement identifiés comme présentant un risque"?
Il ajoute : "un des problèmes est que nous ne connaissons pas l'état des ponts en France", une alerte que nombre de professionnels expriment depuis longtemps. C'est pourquoi la mission d'information avait appelé fin juin, en remettant son rapport, à la mise en place d'un "plan Marshall pour éviter un drame", et réclamait un audit des ouvrages.
Les conclusions préconisent également de réaffecter à la sécurité des ponts des crédits consacrés aux tunnels depuis la catastrophe du Mont-Blanc. "Ce fonds se termine, rappelle Hervé Maurey. Pendant vingt ans, nous y avons consacré 130 millions d'euros par an, je crois qu'il faut faire la même chose avec les ponts".
Système d'information géographique et carnet de santé
"Malheureusement l'actualité vient attester que la France a pris du retard", renchérit Michel Dagbert, qui, comme le stipule le rapport du mois de juin, réclame également la création d'un "fonds de soutien aux collectivités territoriales", la mise en place d'un "système d'information géographique exhaustif" au niveau national, ainsi que l'exigence d'un "carnet de santé par ouvrage".
Hervé Maurey soulève un dernier point. Selon lui, l'utilisation de plus en plus fréquente des GPS conduit à "une augmentation du trafic routier sur certains ouvrages d'art qui n'ont pas été conçus pour avoir autant de véhicules ou d'un gabarit aussi important".