Sous pression démographique, ces métropoles mondiales appliquent la sobriété foncière

Le réseau international de lutte contre le réchauffement climatique C40 invite ses 97 villes membres à appliquer la sobriété foncière, sans freiner la construction. Tour d’horizon des bonnes pratiques.

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Vue aérienne de la métropole Madrid, dont les communes périphériques entourées par une ceinture forestière gagnent des habitants.
Vue aérienne de Madrid, dont les quartiers périphériques entourées par une ceinture forestière gagnent des habitants.

Lagos, Quito, Shanghai, Vancouver... Composé de 97 grandes métropoles et mégapoles en majorité sous pression démographique, le réseau C40 a fait de la sobriété foncière l’une des clés de voûte de son combat contre le réchauffement climatique.

Obligées de réduire de moitié les espaces agricoles, naturels et forestiers utilisés entre 2021 et 2030, par rapport à la période de référence 2011-2020, les métropoles et villes moyennes françaises pourraient s’inspirer de l’ONG financée par des fondations privées et des gouvernements.

Tour d’horizon des bonnes pratiques avec Hélène Chartier, directrice de l’urbanisme du C40.

Sanctuariser une ceinture nourricière

Sur le modèle de Toronto, la pérennisation d’une ceinture verte (« greenbelt » en anglais) autour d’une aire urbanisée répond à l’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) à atteindre en 2050. « Son épaisseur de plusieurs kilomètres et ses multiples fonctions (agricole, sportive…) font qu’il sera difficile, pour les prochains exécutifs locaux, de ne pas respecter cette limitation de l’étalement urbain, analyse Hélène Chartier. Quel élu voudra toucher une forêt bien installée, que les gens aiment ? »

La ceinture forestière de Madrid, dont les quartiers périphériques gagnent des habitants au profit du centre devenu trop cher, « répond à la demande de loisirs ainsi qu’aux enjeux de la qualité de l’air et de la résilience, les arbres agissant comme une grosse éponge autour de la ville », analyse-t-elle. Autour de Milan, qui a accueilli 40 000 nouveaux habitants en 2019, certains espaces protégés ont aussi pour mission de nourrir les citadins : céréales, riz…

Concentrer les nouvelles constructions autour des gares

Pour répondre aux enjeux de sobriété foncière, Hélène Chartier suggère d’appliquer « le modèle très anglo-saxon » du Transit-Oriented Development (TOD). « L’idée est de planifier le développement de la ville dans les endroits où on amène le transport, ce qui permet de protéger les espaces naturels. Cette vision est en opposition avec l’urbanisation de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée », observe l’ex-conseillère de la maire de Paris Anne Hidalgo.

A Bogota, sont ciblées les 16 stations de la première ligne (aérienne) de métro de 19km, en cours de construction et fruit d’un partenariat public-privé. Le C40 cite Johannesbourg, Tokyo ou encore Stockholm parmi ses bons élèves en matière de TOD.

La concentration des nouvelles constructions autour des infrastructures de transport public existantes ou à construire suppose de densifier. « Pas forcément dans des tours, mais dans des appartements plus compacts. Les habitants acceptent d’y vivre parce qu’ils ont accès à des services publics, des commerces… qu’ils n’auraient pas ailleurs » souligne Hélène Chartier.

Transformer les dents creuses en petits parcs

L’acceptation des projets immobiliers crispe les riverains. D’où la nécessité de proposer, en plus des services et commerces en pied d’immeubles, des espaces de respiration.

L’une des pistes suggérées par le C40 consiste à transformer les dents creuses en fermes urbaines ou petits parcs. « Le "pocket park" avec deux balançoires et un toboggan ne remplacera jamais le grand parc, à 15 minutes en vélo, mais il permet de rendre la densité agréable », explique-t-elle.

Dans la mégalopole de Mexico, qui pourrait gagner trois millions d’habitants en dix ans selon l’ONU, les pouvoirs publics ont misé ces dernières années sur les croisements de rues. En témoigne le « parque de bolsillo » du quartier animé Condesa de 231m² qui a remplacé l’espace voiturier de plusieurs restaurants. A Santiago, on parle de « plaza de bolsillo ».

« Casser les mono-fonctionnalités de l’immeuble »

Une autre idée pour faire accepter la densité aux métropolitains ? « A Paris, l’on pourrait ouvrir les cœurs d’immeubles bétonnés et privatisés », note Hélène Chartier.

Les bâtiments publics ne doivent pas échapper à la règle. « L’idée est de multiplier les espaces de rencontre, en intérieur et extérieur, comme à New-York : cour d’école transformée en marché de fruits et légumes le samedi, gymnase loué aux familles pour organiser la fête d’anniversaire des enfants le dimanche… Il faut casser les mono-fonctionnalités de l’immeuble », insiste-t-elle.

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