Une profonde déception, mêlée d'exaspération et d'inquiétude, régnait mardi chez les professionnels du bâtiment, toujours dans le flou sur leur avenir après le désaccord à Bruxelles sur la demande française d'une TVA réduite.
Faute d'accord entre les ministres des Finances des 25 mardi, le dossier a été renvoyé au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des 15 et 16 décembre, où la position française sera défendue par le président Chirac lui-même.
Ecoeurés de ne pas avoir de réponse après des mois d'attente, les professionnels attendent maintenant un engagement du gouvernement. Dans le bâtiment, ils prévoient la disparition de 80.000 emplois et une remontée en flèche du travail au noir si la TVA qui leur est appliquée remonte à 19,6%.
L'exaspération était à son comble chez les artisans de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) qui militent activement depuis des mois pour le maintien de cette mesure. "L’incapacité des pays de l’Union européenne à dépasser leurs égoïsmes nationaux et celle de la France à peser sur les débats européens se paient aujourd’hui au prix fort" estime la Capeb dans un communiqué.
Pour Jean Lardin, président de la Capeb, l'absence d'accord est "un échec gravissime". Selon lui, le retour à une TVA à 19,6% détruirait 60.000 emplois. "J’en appelle au Chef de l’Etat et au Premier ministre pour qu’ils pèsent de tout leur poids afin de trouver une solution politique et de sauver la TVA à 5,5 les 15 et 16 décembre prochains, lors du Conseil Européen de Bruxelles" a déclaré Jean Lardin après avoir pris connaissance du l’issue du Conseil.
Même indignation à la Fédération française du bâtiment (FFB), qui attend de savoir si son taux réduit de 5,5%, en place depuis 1999, sera prolongé au-dela du 31 décembre prochain. Son président, Christian Baffy a estimé que cette situation mettait les entreprises "dans une incertitude insupportable".
"Si on revient à un taux à 19,6%, on va retrouver le niveau de travail au noir d'avant", a-t-il ajouté, l'un des objectifs premiers de ce taux réduit étant de diminuer le travail clandestin.
Interrogé sur la situation actuelle des entreprises, M. Baffy a indiqué que la TVA à 5,5% s'appliquait tant qu'il n'y avait pas de décision de Bruxelles. Le ministre des Finances Thierry Breton a d’ailleurs affirmé que la France maintiendrait sa TVA réduite sur le BTP à partir du 1er janvier 2006, si l'on ne parvenait pas à un accord les 15 et 16 décembre.
Une promesse qui ne concerne que la période allant jusqu'au 24 janvier 2006, date du prochain conseil européen, puisque Bruxelles sera tolérant sur une poursuite des taux en vigueur jusqu'à cette date.
J-P D.