Objectif du MUS (*) : partir de la riche histoire urbaine de Suresnes (notamment la cité-jardin) pour élargir le propos à l’histoire de l’urbanisme social entre 1920 et 1940 en mettant en lumière la personnalité du maire socialiste de la ville, Henri Sellier (1883-1943). Mais le MUS ne se contente pas de donner des clefs pour comprendre les objectifs de mixité, et rendre compte de la démarche hygiéniste de l’habitat social de l’époque. Ainsi le musée est articulé à un «Parcours patrimoine XXe siècle», constitué de 21 étapes, autant de «mâts explicatifs» répartis dans la ville de Suresnes permettant de comprendre in situ les réalisations architecturales. Borne n°10 : la cité-jardin (1924-1939, achevée en 1956, réhabilitée en 1985). Forte de 3000 logements diversifiés en quatre catégories, dotée de tous les équipements (écoles, piscine, dispensaire, crèche, théâtre, commerces, lieux de culte), elle est due aux architectes Alexandre Maistrasse et Julien Quoniam. Plus loin, borne 13, c’est le collège Henri-Sellier (1930-33), borne 14, le théâtre Jean-Vilar (1938). Selon le maire UMP de Suresnes, Christian Dupuy, la cité-jardin de Henri Sellier apparaît, rétrospectivement, comme un «contre-modèle des ensembles monofonctionnels construits dans les années 1960-1970».
Espace muséographique en deux parties
Situé au pied de l’arrêt «Suresnes-Longchamp» du tramway T2, le MUS (1278 m², dont 667 d’extension) dispose d’un espace muséographique en deux parties (Ducks Scéno, scénographes). Dans l’ancien espace de la gare, le rez-de-chaussée est réservé à l’histoire de la ville : lieu de pèlerinage, site vinicole puis site industriel (automobile, aéronautique, électronique, alimentaire, parfums). Le premier étage, auquel on accède par un escalier monumental, est consacré à l’histoire urbaine de la ville selon trois séquences : la personnalité de Henri Sellier (un socialiste «municipaliste»), le projet urbain, le projet social. Dans un espace neuf au rez-de-chaussée, une salle d’expositions temporaires (220 m²) accueille l’exposition inaugurale du MUS : «Histoires d’un musée».
Au total, le MUS (8,3 millions d’euros d’investissement) est imprégné de l’œuvre de Henri Sellier, élu visionnaire. Comme l’indique l’architecte-urbaniste Michel Cantal-Dupart, l’ancien maire de Suresnes (1919-1941) avait, dès le Front populaire, dont il a été ministre, esquissé un «Grand Paris» : l’ancien département de la Seine, avec comme armature les 15 cités-jardins franciliennes. «Paris et sa banlieue constituent, disait Sellier, un ensemble social qu’on ne peut continuer de dissocier.»