Vieillissement de la population De lourds travaux à engager d’urgence

Maisons de retraite insuffisantes, Logements inadaptés l Inaccessibilité

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
PHOTO - ENQ OUV.eps

Pour la première fois, en 2004, l’espérance de vie a dépassé les 80 ans en France. En deux ans, elle a progressé de 10 mois, nettement plus que la tendance des cinquante dernières années (3 mois par an), selon l’INED. En 2020, l’Insee prévoit que 26 à 28 % de la population aura 60 ans et plus et deux millions plus de 85 ans.

La France a vieilli, vieillit et vieillira. C’est écrit. Pourtant, si le gouvernement s’est préoccupé des ressources des personnes âgées (retraites, aide personnalisée pour l’autonomie, journée de solidarité…), il n’a défini aucune politique en matière de logement ou de ville, optant implicitement pour le maintien à domicile et ne traitant du vieillissement que sous l’angle du handicap. Or, vont se poser des problèmes d’adaptation du parc existant de logements, d’accessibilité dans les villes, de concentrations territoriales et/ou urbaines et de manque de maisons de retraite.

Déjà, les premières conséquences du vieillissement se font sentir sur le marché du logement. Il y a quelques jours, le président du réseau d’agences immobilières Orpi, Bernard Grech, déclarait que le papy-boom avait « un effet inflationniste » sur les prix de l’immobilier : « Certains seniors ont vendu leur entreprise, ils ont du cash et veulent un bien précis, pour lequel ils sont prêts à payer. C’est le prix de l’envie, du plaisir. On n’est pas dans le rationnel », explique-t-il.

Une population à fort pouvoir d’achat. Si tous les seniors n’ont pas une entreprise à céder pour se payer le cabanon de leurs rêves, ils ont souvent un premier bien à vendre puisque plus de 67 % des cinquantenaires sont propriétaires de leur résidence principale. Celle dans laquelle ils ont élevé leurs enfants, qu’ils ont tout intérêt à vendre cher puisqu’ils rachètent ensuite, nourrissant involontairement la hausse des prix.

Et ils se portent sur certains marchés bien précis : les littoraux jusqu’à la Savoie, comme le montraient la DATAR et le BIPE il y a deux ans dans des études sur les migrations induites par le vieillissement. Soit parce qu’ils achètent la maison dans laquelle ils couleront de vieux jours heureux, en couple, tant qu’ils seront autonomes, soit parce qu’ils optent pour la bi-résidentialisation. Certains départements, comme le Var, voient affluer des personnes âgées, à fort pouvoir d’achat. Dans d’autres régions – comme le Centre ou la France désindustrialisée – la population d’origine rurale ou ouvrière vieillit sur place. Si la concentration de personnes âgées y est importante, c’est faute de jeunes. Les réponses à apporter à chacun de ces cas sont bien différentes.

Risque de ségrégation. « Les villes vont vieillir plus vite que le reste du pays », constatait Georges Cavaillier, président de la Fédération nationale des Pact Arim, en ouvrant les travaux de l’Institut des villes consacrés à ce thème (1). Les villes moyennes sont les plus concernées puisque selon l’Insee, c’est dans les aires urbaines de 50 000 à 900 000 habitants que la croissance du nombre des plus de 60 ans sera la plus forte entre 2000 et 2015 (de 35 à 37 %). Georges Cavaillier insiste sur le risque de ségrégation découlant d’un mouvement de retour vers le centre des villes des personnes âgées, alors que les familles partiraient se loger en banlieue.

Il plaide aussi pour que l’on se « garde de rassembler les personnes âgées dans des établissements d’accueil spécialisés, des ensembles résidentiels ou, pis encore, dans des villages réservés construits dans la périphérie lointaine, complètement déconnectés du tissu urbain, pratiquement coupés de tout contact avec le reste de la ville ». « Un objectif s’impose : ne pas spécialiser les territoires urbains en fonction des âges », renchérit de son côté Edmond Hervé, ancien ministre, maire de Rennes. « Evitons de bâtir des ”Geriatric Parks“, ces prétendus oasis qui isolent et coupent du monde ceux qu’ils sont censés protéger », martèle plus crûment Georges Cavaillier.

F. v.

Image d'illustration de l'article
GRAPHIQUE - Calendos vieux.ai GRAPHIQUE - Calendos vieux.ai

Image d'illustration de l'article
CARTE - FRANCE REGIONS BIS 2.ai CARTE - FRANCE REGIONS BIS 2.ai
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires