Villes Lorient met sa base sous-marine au concours

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-La procédure d'exception retenue, un concours international ouvert, est à la mesure de l'enjeu : la reconversion pacifique d'une gigantesque machine de guerre.

Le district du pays de Lorient inaugure de façon prometteuse l'année architecturale 1999 avec le lancement d'un concours d'idées, international et ouvert, pour la reconversion de la base des sous-marins de Keroman (« Le Moniteur » du 1er janvier 1999, p. 144). Cette procédure, rarissime en France, a été préconisée par Jean-Paul Lebas, responsable de la mission d'études pré-opérationnelles et d'assistance à maîtrise d'ouvrage (AMO) confiée par les élus lorientais à la société Partenaires Développement : « En dépit de sa lourdeur d'organisation, le concours international constitue le moyen le plus efficace de susciter un foisonnement d'idées, et d'aller les chercher un peu partout dans le monde, car il y a peu de spécialistes des projets portuaires en France ».

Et des idées, il en faudra. D'abord pour réconcilier les Lorientais avec un lieu chargé de souvenirs hostiles, cause de la destruction complète de leur ville. Beaucoup d'entre eux rêvent encore de raser la base. Mais la démolition des trois bunkers de l'amiral Dönitz, qui subirent presque sans égratignures le pilonnage des bombardiers alliés de 1943 à 1945, est estimée à 200 millions de francs au moins... Ensuite, pour réussir l'insertion de cet ensemble dans le tissu urbain : c'est tout le réaménagement d'une vaste zone portuaire, et la relation de la ville à la mer, qui sont en jeu. Enfin, pour débrouiller habilement l'écheveau complexe du programme de reconversion.

Privilégiant le réalisme, celui-ci s'appuie sur les pôles locaux d'excellence. Cela signifie pour les équipes concurrentes qu'elles devront installer dans l'espace inflexible des cathédrales de béton, un mélange éminemment mouvant d'industries high-tech (plus les recherches-développements et les formations associées), et de loisirs sportifs et culturels plus grand public. Ces pôles sont : archéologie sous-marine, équipements de sécurité et prévention des risques en mer, techniques de pêche, d'aquaculture et de transformation des produits marins, base technique pour la navigation de plaisance (réparation, entretien, hivernage...), stratégies maritimes du passé et du futur.

Il y a là largement de quoi stimuler l'intelligence des équipes (pluridisciplinarité recommandée) qui peuvent s'inscrire jusqu'au 15 mars. Le jury, constitué de 17 membres, comptera dix architectes de renom international, dont Henri Gaudin, seul Français. Il se réunira début juillet. L'équipe lauréate assurera, un peu comme un architecte en chef de ZAC, le suivi de réalisation de l'aménagement du site.

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DES DIMENSIONS TITANESQUES. Sur le terrain de la base, 26 ha et 1,200 km de façade maritime, les trois bunkers totalisent une emprise au sol de 63 000 m2, une surface HON de 102 000 m2, et 650 000 m3 de béton. Construits de 1941 à 1943 par l'organisation Todt, ils pouvaient abriter plus de 40 sous-marins (U-Boote). Les murs extérieurs sont épais de 2,50 m, les toitures encore plus : la couverture du bloc Keroman 3 (photo) atteint 7 m !

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