Vinci Immobilier a annoncé ce jeudi 13 février vouloir atteindre l'objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) à l’horizon 2030. Pourquoi patienter durant 8 ans ?
D’abord, parce que les cycles dans l’immobilier sont longs. Ensuite, parce qu’il s’agit d’une véritable révolution. Pour nous fixer cet objectif, nous avons tout d’abord mesuré notre impact sur 191 opérations. Dans la moitié d’entre elles, le taux de terres désartificialisées est supérieur au taux d’artificialisation du foncier. C’est une bonne nouvelle. Mais 20% de notre chiffre d’affaires est réalisé sur des opérations liées à l’extension urbaine. Autrement dit, sur des terrains agricoles en bordure de ville. Le taux d’artificialisation y est donc très élevé.
Pour atteindre l’objectif de zéro artificialisation nette d’ici à 2030, nous avons mis en place un outil visant à calculer le besoin d’artificialisation de chaque opération afin d’en calculer son taux. Dès 2022, s’il est supérieur à 1 (lorsque nous artificialisation plus que ce que nous ne construisons de surfaces de plancher), nous ne signerons pas d’engagement. Mais nous mènerons évidemment à bien les opérations sur lesquelles nous sommes déjà lancés.
Vous souhaitez compenser chaque surface artificialisée par la désartificialisation d’une surface équivalente sur d’autres projets en France. Comment fonctionnera ce système de compensation ?
Nous visions la neutralité sur l’ensemble de nos opérations : si nous artificialisons 100 m² sur une opération, une autre désartificialisera la même superficie. La comptabilité sera réalisée annuellement, au lancement de l’opération. L’objectif de ZAN sera décliné sur l’ensemble des régions, qui avanceront à leur rythme. L’objectif sera facilement atteignable dans les territoires déjà ancrés dans une logique d’efficacité foncière, comme l’Ile-de-France, et plus difficiles dans ceux où le mode d’urbanisme local pousse encore beaucoup au développement de lotissement.
L’objectif ZAN, et l'engagement à réaliser 50% du CA dans des opérations de recyclage urbain, feront émerger de nouveaux métiers (réhabilitation, paysages, préservation de la biodiversité…). Des recrutements et un plan de formation sont-ils prévus ?
Bien sûr. Nous sommes d’ailleurs en train de recruter un spécialiste de la pollution des sols, puisque nous allons travailler plus souvent sur ce type de foncier, alors que jusqu’à présent cette compétence était externalisée. Nous continuerons à travailler avec des bureaux d’études spécialisés, notre spécialiste interne sera en charge des relations avec nos partenaires et suivra les innovations techniques en la matière. Et nous avons déjà déployé un certain nombre de formations. A l’avenir, les sujets relatifs à la rénovation et plus globalement, aux thématiques environnementales, seront intégrés.
Cet objectif ne risque-t-il pas de faire exploser vos prix de sortie et donc, de mises en vente ?
Le prix de vente est fixé par le marché. Charge à Vinci Immobilier de trouver l’équilibre de l’opération. Surtout que les planètes s’alignent, il y a quelques années, transformer du bureau obsolète en nouveau bureau était tellement rentable que les opérateurs ne se posaient aucune question. Aujourd’hui, le nombre d’opportunités foncières augmente. Nous devons également nous pencher sur des fonciers un peu plus atypiques, comme les parkings sous-utilisés, les centres commerciaux, les anciennes casernes militaires, d’anciennes cliniques…