On s'attendait à compter les milliers de tonnes de déchets collectés et à calculer la proportion de recyclage et de réemploi dans leur valorisation, mais il existe un nouvel outil de mesure du succès du déploiement de la filière REP PMCB auquel il va sans doute falloir s'habituer : celui des rotations de bennes destinées à accueillir ces déchets.
C'est en tout cas celui qu'a décidé de mettre en avant Valobat, l'éco-organisme « généraliste » (il gère les 2 catégories de déchets : inertes et les non inertes) de la filière.
Ainsi, sur ses quelque 1700 points de reprises (principalement les points de reprise dit "distributeurs" mais aussi des déchèteries publiques et professionnelles ou encore des plateformes de recyclage), Valobat a comptabilisé 3500 rotations de bennes en mars. Pour se donner une idée de la montée en puissance du dispositif, c'est deux fois plus qu'en décembre 2023.
Reprise sur chantier
Mais Valobat ne se contente pas de gérer les déchets aux points de dépôt volontaire. L'éco-organisme a développé deux autres offres de service : la reprise sur chantier et la reprise dans les dépôts des entreprises de travaux.
Dans le premier cas, Valobat apporte un soutien financier au gestionnaire de déchets qui récupère gratuitement sur le chantier les déchets de déconstruction : bois, plâtre, inertes. Pour cela, l'éco-organisme demande que les gestionnaires se référencent auprès de lui et que les entreprises déclarent leur chantier. 545 gestionnaires sont d'ores et déjà référencés ou en cours de référencements et 754 chantiers ont été déclarés depuis la fin octobre 2023.
Dans le deuxième cas, Valobat propose des bennes pour leur entrepôt aux entreprises de travaux et collecte régulièrement le contenu de ces bennes. Un minimum de 12 rotations de bennes par an est demandé par Valobat. Les déchets acceptés sont : les métaux, le bois, le plâtre, les plastiques rigides et le PVC, les menuiseries vitrées. « C'est une offre qui est plutôt adaptée aux spécialistes car l'idée est de massifier la collecte », a précisé Hervé de Maistre, président de Valobat. L'éco-organisme aurait reçu 485 demandes de bennes et déjà signé 79 contrats pour des bennes.
Tous ces déchets sont en tout cas apportés dans des centres de tri et de massification - « il y en a entre 2 et 4 par département », précise Hervé de Maistre - avant d'être acheminés vers les bons exutoires pour leur valorisation.
Au total, depuis le lancement de la REP, Valobat a collecté ou « soutenu » près de 800 000t de déchets et ce n'est pas fini.
R&D et réemploi
« Dans un contexte de crise du bâtiment, le service de collecte est donc bien en place et continue de se déployer », conclut Hervé de Maistre. « Cependant le réflexe de tri (obligatoire pour bénéficier de la reprise gratuite des déchets, ndlr) reste à installer notamment chez les artisans. Nous allons renforcer nos moyens alloués à la sensibilisation sur le sujet notamment avec une campagne de communication radiophonique et des formations. »
Par ailleurs, Valobat entend en 2024 accélérer ses actions en faveur du réemploi et renforcer la recherche/développement pour permettre un meilleur recyclage. « Nous allons travailler par exemple sur la séparation des matériaux, la production et l'intégration de matière recyclée ou encore les matériaux orphelins, qui n'ont pour l'instant pas de solutions de recyclage, je pense notamment aux membranes bitumineuses », assure Hervé de Maistre.
