Le ralentissement se confirme. « Après s’être affaissé à la fin de 2022, le marché de l’investissement en immobilier d’entreprise a encore ralenti au 1er trimestre (T1) 2023. Près de 3,2 Mds€ ont ainsi été investis dans l’Hexagone depuis janvier, soit une baisse de 44% par rapport à la même période l’an passé et de 30% par rapport à la moyenne décennale d’un 1er trimestre » annonce Antoine Grignon, directeur du département investissement chez Knight Frank France, le 5 avril.
Le bureau, marché décroissant
Principal enseignement : le bureau demeure le grands corps malade de l’immobilier. « Le recul se poursuit en 2023 avec un peu plus d’1,3Md€ investis au T1 2023, soit un volume divisé par deux par rapport à la même période en 2022 et par trois par rapport au T1 2020. La baisse est particulièrement marquée en Ile-de-France où les cessions de bureaux totalisent à peine un milliard d’euros contre 2Mds au T1 2022 », relève la société de conseil.
De son côté, le marché des commerces reprend du poil de la bête : 1,3 Md€ investis au T1 2023, soit une baisse de 10% par rapport au record du T1 2022 (qui avait notamment vu la cession par Unibal-Rodamco-Westfiled de 45% du centre commercial francilien Carré Sénart et d’un portefeuille de restaurants rapides), mais en hausse de 63% par rapport à la moyenne décennale.
La réindustrialisation menacée ?
Tout n’est donc pas noir pour les brokers qui, en coulisses, restent persuadés que les investisseurs ont toujours soif d’entrepôts. Cela ne se ressent pas au T1 2023 : aucune cession importante de grands portefeuilles logistiques n’a été relevée par Knight Frank France. La société de conseil ne communique même pas sur les volumes investis dans ce segment de marché prisé des investisseurs en 2021.
Enfin, près de 500 Mds€ ont été investis dans l’industrie française au T1 2023, contre 1,5 Md en moyenne au T1 entre 2019 et 2022. De quoi remettre en cause le projet de « réindustrialisation » de la France sous Emmanuel Macron ? Malgré le relèvement des taux qui refroidit les investisseurs, « les liquidités à placer sur ce segment de marché restent importantes en raison des stratégies de diversification des investisseurs et de la nécessité de développer une offre de locaux (grands entrepôts modernes, logistique du dernier kilomètre, data centers, etc.) adaptés aux besoins des entreprises et des consommateurs », positive Knight Frank France.
L’Ile-de-France en force
Au global, les investisseurs ont privilégié l’Ile-de-France, dont la domination ne cessait de s’éroder depuis 2020. La région-capitale a capté 78% des volumes investis dans le pays, contre 61% en 2022.
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Antoine Grignon n’anticipe « pas de rebond important des volumes investis d’ici la fin du 1er semestre », tant que l’inflation n’aura pas reculé, selon les prévisions de la Banque de France. Les performances de l’immobilier d’entreprise devraient donc rester « très hétérogènes » ces prochains mois, évoluant au gré des opportunités saisies par les investisseurs dans un contexte favorable aux caisses de retraites, mutuelles et autres acteurs riches en fonds propres.