CNR Logement : le monde HLM attend toujours le « choc salutaire »

Les bailleurs sociaux ne voient pas de mesures susceptibles de relancer la production ni de soutenir l’éradication des logements énergivores.

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La présidente de l'USH, Emmanuelle Cosse
La présidente de l'USH, Emmanuelle Cosse (en rouge à gauche), a pris la parole le 5 juin lors de la restitution des travaux du CNR Logement.

Encore déçus. Neuf mois après leur 82e Congrès HLM marqué par l’inflation, les bailleurs sociaux se disent insatisfaits des mesures annoncées le 5 juin à Paris par le gouvernement, en conclusion du Conseil national de la refondation (CNR) sur le logement.

« Rien ici ne permettra de créer un choc salutaire pour la production de logements sociaux et abordables, a déclaré Emmanuelle Cosse, la présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), en regardant le ministre du Logement Olivier Klein. Pire, je crains que la situation s’aggrave. Il ne suffit pas d’aimer le logement social pour le défendre ! »

Des mesures d’urgence, pas de refondation

Visage fermé, l’ancienne ministre a pointé des mesures d’urgence, et pas de refondation. Exemple : « La sollicitation de CDC Habitat et Action Logement (qui doit signer prochainement sa convention quinquennale 2023-2027, NDLR) pour racheter des programmes immobiliers sont des rustines. »

Contexte : pour relancer la construction neuve aujourd’hui à l’arrêt, la filiale immobilière de la Caisse des Dépôts et le groupe paritaire sont priés de racheter 47 000 logements non vendus. Avec un bémol, selon Jacques Ehrmann, directeur général d’Altarea : « Les prix qu’ils proposent aux promoteurs sont inférieurs à nos prix de revient, de 5 à 10%. Nous sommes contraints d’accepter car nous devons surveiller notre trésorerie. »

Emmanuelle Cosse en a également profité pour appuyer sur une plaie non guérie : la réduction du loyer de solidarité (RLS). Le CNR aurait visé, selon elle, à « fermer le débat » sur la perte de chiffre d’affaires de 1,3Mds€ par an pour les bailleurs sociaux.

Valérie Fournier, présidente des ESH, a retenu un bon point : « La Première ministre veut bien nous rencontrer dans le cadre de la conclusion du pacte de confiance. » Reste à se mettre d’accord sur des objectifs chiffrés...

De son côté, Marcel Rogemont, président de la Fédération des Offices publics de l’habitat (OPH), a constaté que « l’effort (allait) être fait sur le logement locatif intermédiaire (LLI) », en référence au nouveau zonage visant à massifier ce jeune produit à destination des classes moyennes.

« Il en faut certainement, mais pourquoi est-il plus aidé que le logement social, financé par le Prêt locatif à usage social (PLUS) et le Prêt locatif aidé d’intégration (PLAI) ? C’est désarmant, car le gouvernement se concentre sur le premier tiers des 63% de personnes éligibles au parc HLM. L’efficacité, pour nos concitoyens, c’est de leur proposer des loyers moins importants que le marché libre et que le logement intermédiaire, de manière à dégager du pouvoir d’achat », a-t-il expliqué au « Moniteur », en marge de l’événement.

L’impossible décarbonation du parc existant

Autre sujet qui fâche : le défi de décarbonation, impossible à relever. « Pour éradiquer tous les logements énergivores au sein de notre parc de 2,4 millions de logements gérés par les Offices publics de l’habitat (OPH), il faudrait passer d’1Md€ à 3Md€ par an de travaux de rénovation thermique, a-t-il ajouté. Nous n’en avons pas les moyens et le gouvernement n’annonce toujours pas d’argent supplémentaire. C’est une catastrophe. Les locataires qui occuperont un logement étiqueté E au 1er janvier 2034 ne paieront plus de loyers ni de charges. »

Enfin, Marie-Noëlle Lienemann, présidente des Coop’HLM, fait partie des plus pessimistes : « Non seulement le CNR Logement n’est pas à  la hauteur de la crise, mais les mesures annoncées vont l’approfondir. Le gouvernement réduit la voilure de ce qui existe. »

Dans un communiqué, la fédération aux 162 organismes HLM a regretté l’absence de « régulation des prix du foncier et notamment du foncier public » mais a pris « acte des annonces du gouvernement sur la nécessité de réviser les plafonds de ressource et de prix de l’accession sociale qu’elle appelait de ses vœux et souhaite une concertation et des décisions rapides en la matière ».

Le gouvernement le martèle depuis plusieurs jours : le CNR n’est pas une fin en soi. Il n’y a plus qu’à se remettre autour de la table pour discuter...

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