Après quatre mois de débats, les partenaires sociaux, réunis pour une séance de la dernière chance dans le cadre du « conclave retraites », n’ont pas trouvé d’accord. Ce conclave réunissait le Medef et la CPME ainsi que trois syndicats, la CFDT, CFE-CGC et la CFTC.
« Réparation de la pénibilité » pour les syndicats, « prévention » pour le patronat
S’il n’était plus question de revenir sur l’âge légal de départ fixé à 64 ans par la réforme de 2023, l’un des enjeux, pour les ouvriers du BTP, concernait la réintroduction des critères « manutentions manuelles de charge », « postures pénibles » et vibrations mécaniques dans le compte professionnel de prévention, qui permet aux salariés sous certaines conditions de s’arrêter de travailler plus tôt. Pour mémoire, ces facteurs avaient été exclus du dispositif au début du premier quinquennat Macron en raison de leur difficulté d’application.
Pour les salariés concernés par ces critères dits « ergonomiques », la réforme des retraites a instauré un fonds pour la prévention de l’usure professionnelle (Fipu), qui permet de financer des aides pour les employeurs dans le cadre de la lutte contre la pénibilité.
La reconnaissance de l'usure professionnelle dans une perspective de départ anticipé à la retraite figurait ainsi parmi les chevaux de bataille des syndicats, CFDT en tête, quand le patronat, qui privilégie d'autres pistes telles la prévention ou la reconversion, n’a pas dévié de sa position.
« Nous n’étions pas en mesure d'augmenter les cotisations salariales et patronales »
« Le patronat a fermé la porte aux syndicats, notamment sur la proposition permettant que les salariés les plus exposés à la pénibilité n'aient pas le même effort à faire que les autres. Il ne bougera pas sur la réparation de la pénibilité : c'est un échec de la négociation », a donc martelé Yvan Ricordeau, représentant de la CFDT. « Le Medef ne regarde pas la réalité en face de la vie des travailleurs qui sont exposés à la pénibilité », a-t-il condamné.
« Nous regrettons cet échec, c'est dommage pour la démocratie sociale », a commenté Diane Milleron-Deperrois, représentante du Medef. Mais « nous avons gardé une ligne très claire, en étant constant dans une ligne responsable : nous n’étions pas en mesure d'augmenter les cotisations salariales et patronales », a-t-elle appuyé.
La CPME dit également déplorer ce désaccord, un échec « d'autant plus incompréhensible », selon la confédération, « que tous les partenaires sociaux partageaient la même volonté de se voir transférer la gouvernance du système de retraite selon les mêmes modalités que l'AGIRC ARRCO ».
Sollicitées par Le Moniteur, la FNTP, la FFB et la Capeb n’ont pas donné suite.
L'idée de ce conclave, souhaité par le Premier ministre François Bayrou, était principalement de tenter de rendre moins impopulaire la réforme des retraites Borne de 2023, qui porte progressivement de 62 à 64 ans le départ à la retraite. Tout en visant l'équilibre financier, alors qu'un déficit du système s'annonce à hauteur de 6,6 Md€ en 2030.
Se refusant à rester sur l’échec des négociations, le Premier ministre reçoit les partenaires sociaux dans la journée du 24 juin.