« Une entreprise spécialisée dans le bois, doit gérer ses déchets de bois dans trois bennes différentes. Alors qu’il s’agit du même matériau. Cela devient ingérable pour les entreprises », déplore Jean-Michel Martin, représentant des métiers du bois à la Capeb. Ce problème évoqué n’est qu’un des nombreux freins au déploiement de la REP PMCB. Les concertations prévues en avril avec l’ensemble des acteurs de la filière, doivent, entre autres, simplifier les procédures de cette collecte, gérée aujourd’hui par quatre éco-organismes concurrents (Ecomaison, Ecominéro, Valdelia et Valobat).
Centraliser et simplifier
La première demande de révision de la REP PMCB concerne la simplification de la gestion des bennes. Actuellement, il existe plusieurs REP (PMCB pour la construction, DEA pour les meubles récupérés, REP des emballages professionnels) qui exigent une benne pour leurs propres déchets, quand bien même il s’agit du même matériau, explique la Capeb. « Nous souhaitons la mise en place de bennes multi-REP », explique Jean-Michel Martin. Dans le même ordre d’idées, il est demandé d’interconnecter les sites et les applications des éco-organismes pour faciliter la dépose des déchets chez les négoces.
De leur côté les éco-organismes ne restent pas sourds à ces demandes de clarification. « Pour un artisan qui veut se débarrasser d’un WC, d’un évier ou d’un bac à douche, ce n’est pas simple de savoir où mettre ses déchets, mais nous continuons notre travail de communication », rapporte Rami Jabbour, directeur marketing et communication chez Valobat. Certains détenteurs de déchets sont démunis pour le tri de certains matériaux comme par exemple avec les briques plâtrières, c’est-à-dire des briques recouvertes de plâtre. Ou jeter ce déchet ? Nulle part car on ne sait pas recycler la brique plâtrière, explique Valobat.
Des points de collecte pas toujours accessibles
Par ailleurs, la filière souffre de grandes disparités dans le maillage des points de collecte avec des zones urbaines très bien équipées et des manques importants dans les zones rurales. « Aujourd’hui, certains endroits sont des zones blanches, avec seulement 4 ou 5 points dans un département, les détenteurs de déchets doivent parcourir 30 ou 40 kilomètres pour les remettre », déplore Jean-Michel Martin. Et quand bien même un point de collecte existe, la majorité ne propose pas l’ensemble des tris.
En effet, sur les 6385 points de collecte qui maillent le pays selon l’OCAB, en mars 2025, seulement 1000 environ reprennent les six natures différentes de déchets. Par ailleurs, « ces 1000 points ne reprennent pas forcément les déchets issus des autres REP (déchets électriques et électroniques, déchets d’ameublement, déchets chimiques tels que les pots de peinture et les cartouches de mastic, déchets d’emballages…) qui sont pourtant fréquents dans les entreprises du bâtiment », explique la Capeb.
Fixer l’écocontribution sur les achats et non sur les ventes
Les détenteurs de déchets demandent également de revenir au paiement de l’écocontribution au moment de l’achat et non plus au moment de la vente. « Cela devient ingérable car payer l’écocontribution à la vente signifie qu’il faut être en mesure de quantifier précisément les matériaux que l’on va mettre dans l’ouvrage, explique Jean-Michel Martin. Sur une charpente, il y aura de la quincaillerie, de l’isolation, du bois… C’est beaucoup plus compliqué que de quantifier les matières premières à l’achat. »
Attention à l’augmentation des prix
Autre point d’attention, le coût de l’écocontribution qui a été multiplié par quatre entre 2023 et 2024. Dans la même période, victime de son succès, Valobat a par exemple vu le volume de déchets réceptionnés multiplié par 23. « La filière est en pleine montée en puissance, avec des volumes de plus en plus importants ce qui a un impact haussier sur les éco-contributions, explique Rami Jabbour de Valobat. Nous pourrons commencer à réaliser des économies d’échelles lorsque les volumes se stabiliseront. »
De leur côté, les détenteurs de déchets craignent que les éco-organismes, acculés par la quantité de déchets à gérer, remettent en question de la gratuité du service, pourtant censée être assurée par l’écocontribution. Les points de collecte pleins depuis plusieurs jours ne sont pas des cas rares. Actuellement la limite est de 3,5 tonnes de déchet par jour et par rapporteur. Pour rappel, les quatre éco-organismes sont des sociétés privées à but non lucratif.