Si l’immobilier est un secteur un peu plus féminisé que les autres - les salariées y représentant 52 % des effectifs contre 49 % en moyenne pour l’emploi en France, des disparités persistent selon les entreprises. C’est l’un des enseignements de la deuxième édition de l’étude annuelle sur la parité, réalisée par l’Institut de l’épargne immobilière et foncière pour l’Observatoire de la charte de la parité dans l’immobilier.
Certains métiers du secteur de l’immobilier, comme celui d’architecte, se sont féminisés au cours des dernières décennies. Pour d’autres activités, la progression est plus lente. Celles qui n’atteignent pas la parité (finance, expertise technique…) « ont cependant des résultats compris entre 45 % et 50 % et correspondent à des métiers souvent perçus comme plus techniques », indique l’étude.
34 % des postes de direction occupés par des femmes
En matière d’égalité professionnelle, la progression reste très insuffisante. Ainsi, seules certaines familles de métiers du secteur recrutent davantage de femmes par souci de « rééquilibrage » des effectifs, et toutes ne « jouent pas le jeu ». L’étude note également plus d’hommes-cadres que de femmes – 82 % vs 72 % : « il faudra du temps pour réduire cet écart ».
Du côté des instances dirigeantes, la parité demeure aussi un défi, avec seulement 34 % des postes de direction occupés par des femmes. 83 % des entreprises signalent au moins une femme à un poste de direction (+ 9 points par rapport à 2022). Cette proportion croît avec la taille de l’entreprise. Ainsi la quasi-totalité des structures de plus de 500 salariés comptent au moins une femme au sein de leur direction.
Mais sur le terrain, les femmes se heurtent encore à un « mur de verre » qui les cantonne aux fonctions de soutien opérationnel,(ressources humaines, finances, administration), avec un pouvoir de décision limité. Pour Isabelle Rossignol, présidente de l’Observatoire, « la promotion des femmes managers constitue pourtant un facteur de motivation pour l'ensemble des salariées de l'entreprise qui aspirent à une évolution professionnelle ». D’où la nécessité d’améliorer la visibilité de ces « femmes-modèles ».
3,6 femmes dans le top 10 des salaires
La question des salaires demeure en outre cruciale, avec des écarts persistants entre les hommes et les femmes, ainsi qu’une sous-représentation de ces dernières dans les rémunérations les plus importantes. Selon l'enquête, seules 3,6 femmes, en moyenne, appartiennent au club des 10 plus hauts salaires de l'entreprise. Une situation très marquée dans les métiers de la promotion immobilière et des foncières, qui sont largement féminisés, mais où peu de femmes accèdent à des postes de direction et figurent dans le top des salaires.
Seules 44,6 % des sociétés interrogées disent consentir une augmentation plus élevée aux salariées. « Ceci témoigne que si les entreprises allouent des moyens pour favoriser l’égalité salariale, le nombre de situations défavorables est d’une telle ampleur que cela ne permet pas encore de compenser les inégalités », soulignent les auteurs de l’étude.
La parentalité demeure pénalisante
Sans surprise, la parentalité reste très pénalisante. « Si la maternité est un sujet sur lequel les entreprises sont mobilisées, la parentalité - c’est-à-dire le fait d'avoir des enfants - est encore un frein à la parité », observe Stéphanie Galiegue, directrice générale déléguée, en charge de la recherche et des études à l’Institut de l'épargne immobilière et foncière (IEIF). « Ce sont essentiellement les femmes qui supportent le « compromis de carrière » en absorbant largement la charge familiale. Les initiatives des entreprises sur ce volet restent encore rares ».
L’étude révèle enfin que les entreprises les plus avancées sont celles dont les dirigeants sont convaincus de l'importance de l'égalité professionnelle femme-homme. « L'impulsion doit venir de la direction de l'entreprise : c'est elle qui doit affirmer le caractère prioritaire de ce sujet », conclut la sociologue Chantal Schmitt.
Or, garantir une véritable égalité professionnelle pourrait leur permettre d’attirer des talents et par là, constituer un levier de croissance non négligeable, même en temps de crise. « La parité est également un facteur de performance », insistent ainsi les auteurs de l’étude.