La construction bois travaille d'arrache-pied pour asseoir son statut de "filière stratégique"

L'Union des métiers du bois (UMB-FFB), réunissant charpentiers, menuisiers, agenceurs et constructeurs bois, tenait son assemblée générale, le 4 avril, à Grenoble. Alors qu'elles souffrent plus que jamais du ralentissement économique, les entreprises portent une grande partie de leurs espoirs sur les travaux menés dans le cadre du Conseil national de l'industrie, qui a fait du bois une filière stratégique.

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L'Union des métiers du bois (FFB) tenait son assemblée générale le 4 avril, à Grenoble.

Un "évènement extraordinaire" : c'est ainsi qu'est qualifiée l'intégration de la filière bois dans le Conseil national de l'industrie par Christian Piquet, président de la commission économie et développement de l'Union des métiers du bois (UMB-FFB), qui tenait son assemblée générale ce 4 avril, à Grenoble. Au sein du Conseil national de l'industrie, 14 comités stratégiques ont en effet été créés pour piloter quatorze filières industrielles, dont le bois. Le comité stratégique de la filière bois (CSF-Bois) a été mis en place en mars dernier (lire notre article ici) afin d'établir un contrat de filière, dont l’objectif sera de proposer des mesures qui contribueront à son développement industriel. Rendu de copie le 5 juillet.

"Le bois est officiellement reconnu comme filière d'avenir, au même titre que la carte à puce ou la voiture électrique, se réjouit Christian Piquet. Notre filière n'est plus gérée par le ministère de l'Agriculture, mais tirée par celui du Redressement Productif", ajoute-t-il, se félicitant du maintien d'Arnaud Montebourg à ce poste. "Comme 80% du marché de la construction bois est réalisé par les entreprises, nous devons être présents dans ce CSF-Bois."

"La part du marché du bois, en maison individuelle, se situe aux alentours de 12% en France, précise Philippe Roux, président de l'UMB-FFB. Dans l'industrie, nous sommes à 4%. Mais le marché devrait se développer à l'avenir, car il y a une vraie demande." Raison de plus pour mettre la filière en ordre de bataille. "Il faut valoriser les ressources françaises, construire une vision stratégique interprofessionnelle et interministérielle de la filière, rétablir la continuité de la chaîne de valeur", explique Christian Piquet.

"Une évolution rapide de la filière bois"

Concrètement, cette présence des entreprises et de l'UMB-FFB dans le CSF-Bois se traduit par un rythme de réunions très intense, dans lesquelles tous les acteurs de la branche se retrouvent pour débattre et se fixer des objectifs communs.

"Dans ces réunions, il y a de l'ambiance !", a indiqué aux adhérents de l'UMB-FFB François Poulingue, président du groupe de travail GT6-A (il y a sept groupes de travail dans le CSF-Bois). "Au sein de notre groupe, nous expliquons à la première transformation (les scieurs) ce dont a besoin la deuxième transformation (les constructeurs bois), a continué François Poulingue. Pourquoi importons-nous trois millions de mètres cubes de bois chaque année ? Parce que nous avons besoin de bois, sec, de qualité, calibré. Les scieurs nous répondent que ce n'est pas demain que nous aurons assez de bois français respectant ces caractéristiques, tout simplement parce qu'ils écoulent sans difficulté leur stock de bois humide. Pourquoi investiraient-ils dans un séchoir ? Il faut donc motiver la première transformation pour que nous importions moins. Et ceci non pas pour favoriser nos entreprises : nous pourrons toujours nous fournir en bois à l'étranger. Mais surtout dans le but de redresser les comptes du pays."

"Nous sommes dans une évolution rapide de la filière", a déclaré Philippe Roux, président de l'UMB-FFB, à ses adhérents. Et, pour prouver le sérieux et l'engagement des constructeurs bois, les professionnels ne veulent pas se payer de mots. "La mission coordonnée par Franck Mathis et Dominique Weber, visant à construire des immeubles de vingt étages en 2017 et trente étages en 2030 (lire notre article ici), ce sont les travaux pratiques du CSF-Bois, a expliqué Philippe Roux. Nous appelons nos adhérents à participer à ces travaux pour faire état de la motivation de notre profession." "Cet objectif de 20 étages puis 30 étages est ambitieux, certains pensent même qu'il est déraisonnable, ajoute Christian Piquet. Mais la construction d'un IGH en bois participera à lever les freins techniques et réglementaires au développement du bois dans la construction. Nous nous soucierons aussi, dans le cadre de ces projets, de la problématique de la qualité de vie, notamment la qualité de l'air intérieur. Nous voulons être précurseurs sur le sujet."

Les entreprises ont perdu la main sur leurs index BT

Un vent d'espoir d'autant plus salvateur que le début d'année 2014 semble économiquement exécrable pour les entreprises de construction bois. "Les prix ont continué de baisser, ils sont aujourd'hui extrêmement bas, s'inquiète Christian Piquet. Les entreprises sont dans une stratégie de sauvegarde, elles remplissent le carnet de commandes."

Sans oublier que, pour les entreprises, des problèmes sont venus s'ajouter aux problèmes. A commencer par la reprise en responsabilité par l'Insee du calcul des index BT. "C'est une catastrophe, estime Christian Piquet. Auparavant, la Fédération française du bâtiment faisait des propositions sur la composition des index, qui étaient ou non validées par le ministère. Mais l'Insee, par une décision unilatérale, a décidé de prendre le contrôle de tous les index du secteur. Nous n'avons donc plus notre mot à dire ! Nous ne savons pas comment les index vont évoluer. La FFB se bat, actuellement, pour que les choses évoluent, notamment dans la prise en compte du crédit d'impôt compétitivité-emploi."

Le compte pénibilité, "inapplicable dans 99% des entreprises du bâtiment"

Autre inquiétude : l'entrée en vigueur du compte pénibilité le 1er janvier 2015. "Ce dispositif est désastreux, ruineux pour nos entreprises, a déclaré Jacques Chanut, futur président de la FFB (lire notre article ici), devant les adhérents de l'UMB-FFB, lors de son discours de clôture de l'assemblée générale. Le compte pénibilité va durcir les relations sociales dans nos entreprises, encore plus que ne l'avait fait le passage aux 35 heures. C'est pourquoi nous nous battrons pied à pied contre ce dispositif !" Au delà même de la question de l'influence de ce dispositif sur la vie sociale de l'entreprise, l'actuel vice-président de la FFB le juge irréaliste. "Ce qui a été imaginé sur la pénibilité concernera 90% de nos salariés, mais sera inapplicable dans 99% des entreprises. Si rien ne bouge, nous serons obligés de faire entendre notre voix par, peut-être, une mobilisation."

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