Le pessimisme prime surtout en ex-RDA, où le recul est de 13,2 %. En Allemagne de l'Ouest, en revanche, le creux de la vague semble atteint : la baisse n'est plus que de 3,1 %, signale l'Office statistique fédéral. L'institut économique IFO relève, de son côté, que les entreprises de BTP ont l'intention de réduire encore leurs effectifs au cours des prochains mois. En ex-RDA les patrons partisans de compressions d'effectifs sont devenus plus nombreux par rapport à l'an dernier, alors qu'ils sont moins nombreux à l'envisager à l'Ouest.
Les majors du BTP se rattrapent à l'étranger. Sur le marché national, leurs rentrées de commande ont fléchi au premier semestre, de 7 % pour Hochtief et au même rythme pour Bilfinger + Berger. Le major Holzmann, qui refuse systématiquement tout marché peu rentable, a même opéré une véritable purge : de janvier à juin, les nouvelles commandes en Allemagne de l'Ouest ont reculé de 31 %, et celles en provenance d'ex-RDA, région la plus exposée à la concurrence ruineuse, se sont effondrées de 69 %. Heilit + Woerner (groupe Walter) prédit pour l'année en cours un recul modéré des investissements de BTP de 1,4 % à l'Ouest et une accélération de la chute en ex-RDA (-3,2 %). L'entreprise de Munich prévoit la fin de la récession à l'Ouest en 1998, la reprise en cours dans l'industrie devant alors réanimer le nom résidentiel privé et la construction de logement. Récemment, le Hauptverband avait prédit pour 1998 une « stagnation à un très bas niveau » à l'Ouest et un nouveau recul de 3 % à l'Est.
Pour spectaculaire qu'elle soit, la récession du BTP est- allemand est une nécessité. En effet, la mise à disposition de pans entiers de l'industrie est-allemande après la réunification avait privilégié le BTP, dont le poids dans l'économie avait grimpé de 24 % en 1991 à 43 % en 1995, pour redescendre à 39 % cette année. C'est encore beaucoup trop, si l'on considère que dans une économie mûre comme celle de l'Allemagne de l'Ouest, le BTP entre seulement pour 11 % dans le PIB.