318 000 logements environ ont été construits en 1999. Quelle est votre analyse au regard des besoins des Français ?
BERNARD COLOOS : D'abord, je voudrais dire que ce chiffre est très bon. Mais je rappelle que le ministère de l'Equipement a changé de système informatique et que cette statistique est calculée selon le modèle Sitadel, et non plus Siclone.
Nous raisonnons tous par rapport à un objectif de référence de 300 000 logements neufs à construire. Mais il s'agit d'un chiffre calculé selon le modèle Siclone. Les 318 000 logements Sitadel de 1999 sont l'équivalent de 325 000-330 000 logements « Siclone ».
Vous êtes donc satisfait ?
Oui, mais il ne faut pas oublier que l'on est dans une économie de plus en plus cyclique. On ne peut pas analyser les statistiques sur une seule année. Il faut prendre en compte plusieurs années, et toute la question est de savoir à quel point du cycle nous nous trouvons.
Ainsi, nous nous interrogeons sur la forte demande de maisons individuelles : qu'est ce qui relève de l'évolution de fond et d'éléments conjoncturels (taux d'intérêt...) ?
Après avoir beaucoup parlé, pendant les années de crise, d'un tassement de l'accession à la propriété, on constate que, dès que les conditions de prix et de pouvoir d'achat sont réunies, les ménages souhaitent acheter du logement. De ce point de vue, la situation actuelle est globalement satisfaisante et atteste de l'existence d'une demande importante pour la maison individuelle.
Est-ce que les besoins sont satisfaits ?
Il y a deux manières d'aborder la notion de besoin : on peut considérer qu'il s'agit d'un objectif incontournable ou d'un élément de pilotage, d'un instrument de référence. La seconde a notre préférence. La question des besoins nous renvoie de fait aux grandes interrogations sur l'évolution de la population et le revenu des Français. En avril 1997, l'Insee établissait plusieurs scénarios évaluant les besoins pour la période 2000-2005 entre 241 000 et 305 000. Il apparaît, aujourd'hui, que le chiffre de 300 000 logements neufs est une évaluation raisonnable. A priori, le niveau de production s'est donc rapproché en 1999 des niveaux jugés souhaitables, ce qui est de bon augure.