Le souterrain a encore de beaux jours devant lui. Porté par les contrats qui se multiplient, le secteur affiche en cette rentrée 2021 une santé insolente en ces temps pourtant moroses pour l’industrie.
« Depuis 2019, nos statistiques n’arrêtent pas d’augmenter. Nous sommes plutôt chanceux en comparaison d’autres secteurs », a reconnu Lars Babendererde, vice-président de l’Association internationale des tunnels (ITA) lors de la cérémonie d’inauguration du 16e congrès international de l’Association française des tunnels et des espaces souterrains (Aftes) qui a débuté lundi 6 septembre 2021 à Paris.
Dynamisme économique
Une analyse partagée par Michel Defayet, le président de l’Aftes, pour qui la dynamique économique impulsée ces dernières années va se poursuivre. « Si nous regardons les chantiers à venir d’ici 2030, nous venons de signer trois grands lots sur le Lyon-Turin ainsi que le marché de construction de la troisième ligne de métro de Toulouse. A moyen terme, le projet Cigéo [enfouissement des déchets nucléaires, NDLR] piloté par l’Andra devrait également se lancer. Cette cadence de grands travaux devrait se maintenir ces prochaines décennies », prédit l’officiel.
Le méga chantier Grand Paris Express doit lui aussi continuer de tirer vers le haut l’économie. Pas moins de 130 chantiers sont actuellement menés dans la capitale et dix-huit marchés ont été notifiés à ce jour, a annoncé Jean-François Monteils, président de la Société du Grand Paris. « Lors du congrès précédent, nous annoncions le début des travaux sur la ligne 15 sud. Depuis, 60 km de tunnels ont été creusés sur 200 km et 18 millions de tonnes de déblais ont déjà été excavées. Par ailleurs, nous menons plusieurs innovations de front, dont la mise en place de voussoirs béton bas-carbone sur l’un de nos chantiers », a déclaré le président de la SGP.
Influence grandissante de la Chine
Malgré ces bonnes nouvelles, le secteur doit cependant faire face à des défis, dont la pénurie de main d’œuvre qualifiée. Une problématique qui s’est intensifiée avec les enjeux posés par la mobilité en temps de pandémie, ce qui complexifie le recrutement des talents au niveau international.
S’ajoute à cette incertitude celle de l’influence, toujours plus grande, de la Chine. L’empire du Milieu a en effet racheté ces dernières années la plupart des entreprises de tunnelier européennes, ce qui ne laisse plus qu’une seule d’entre elle, l’Allemand HerrenknechtAG, en lice dans ce domaine. « Ils ont tout acheté en Europe, je reste le seul « cow-boy » encore présent sur notre continent » a ironisé Martin Herrenknecht, membre du directoire et fondateur de l’entreprise. Malgré le ton badin, l’enjeu reste très sérieux : la structure, qui emploie à l’heure actuelle environ 5000 salariés, réalise chaque année un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros.
