Les premières avancées des promoteurs immobiliers engagés dans une trajectoire carbone

Matériaux biosourcés, béton nouvelle génération... Les promoteurs immobiliers français ont à disposition de nombreux leviers pour réduire leur empreinte carbone. Tour d’horizon du marché.

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Bois bâtiment immeuble
Pour un promoteur immobilier, la réduction des émissions de gaz à effet de serre suppose un développement du bois, avantagé par la réglementation environnementale française RE2020.

Les objectifs national, européen et mondial de neutralité carbone en 2050, couplés à la RE2020, « l’une des réglementations les plus strictes » d’Europe, stimulent les promoteurs immobiliers français.

Au-delà de leurs intentions pour y parvenir, qui ont fait l’objet de deux enquêtes du « Moniteur » en 2022 et 2023, de premières avancées concrètes se mesurent.

Concernant le levier des matériaux biosourcés, moins émissifs que leurs cousins pétrosourcés, plusieurs acteurs nationaux déclarent y recourir de plus en plus.

Au sein du réseau Procivis, accompagné par Prestaterre dans l’élaboration de sa stratégie de réduction des gaz à effet de serre (GES), 15% des m² livrés l’an dernier cochaient cette case, contre 5% en 2022. Son objectif à horizon 2030 s’élève à 60%. Demathieu Bard Immobilier, qui vise 70% en 2030, assure faire mieux : la part du biosourcé dans ses programmes livrés est passée de 20% en 2022 à 30% en 2023.

Pour un promoteur, la réduction des émissions de GES suppose un développement du bois, avantagé par la RE2020. 

Icade, dont la trajectoire carbone certifiée scientifiquement est l’une des plus ambitieuses du marché, en a utilisé en super structure et en façade dans 17% de ses projets livrés en 2023, contre 9% en 2022. Chez Linkcity, dont la stratégie de réduction des GES a été tracée à l’échelle de sa société mère Bouygues Construction, 30% de ses opérations dont le permis de construire a été déposé en 2023 sont en bois, contre 26% en 2022.

Béton bas carbone, réemploi et énergie

Au rayon béton bas carbone, Bouygues Immobilier se met en ordre de marche grâce à son partenariat avec Hoffmann Green Cement Technology.

Le troisième promoteur national estime qu’environ 6% de ses programmes livrés en 2023 ont été construits avec du béton intégrant des composés minéraux comme l’argile calcinée ou les laitiers de hauts fourneaux. Ce pourcentage était inférieur en 2022 mais faute de suivi centralisé, la filiale de Bouygues n’est pas en mesure de le chiffrer. En 2030, le béton bas carbone devra s’inviter dans plus de huit projets sur dix.

En matière d’économie circulaire, GA Smart Building déclare avoir livré « 1000m² en réemploi » en 2022 et plusieurs dizaines de milliers en 2023.

Le promoteur tertiaire, dont la stratégie carbone est en cours de certification, a notamment récupéré 8800m² de faux planchers au sein des tours Miroirs à Courbevoie (Hauts-de-Seine) et 15300m² au sein de la tour Cristal à Paris (XVe). Ces gisements ont couvert les besoins de deux programmes franciliens.

Sur le volet énergie, citons Pierreval qui a arrêté le mode de chauffage gaz « dès 2023, avant le couperet législatif du 1er janvier 2025 » sur le segment du logement collectif. Le promoteur résidentiel assure que la totalité de ses opérations reposent désormais sur des solutions décarbonées, de la pompe à chaleur (PAC) collective à la chaufferie bois.

Enfin, sur la réhabilitation, moins émissive que la construction, les poids lourds du marché ont avancé leurs pions en 2023. Le leader Nexity a lancé sa marque dédiée Nexity Héritage tandis que Demathieu Bard Immobilier, 20e de notre dernier classement, s’est associé à un opérateur spécialisé dans la transformation de bâtiments désaffectés en appartements neufs.

Les sociétés cotées montrent la voie

Preuve que le marché progresse sur le sujet : sept des vingt premiers promoteurs de France ont certifié leur stratégie carbone, soit deux de plus par rapport à 2023. Le point commun de Nexity, Bouygues Immobilier, Kaufman & Broad, Icade, Eiffage Immobilier, Adim (Vinci Construction) et Linkcity (Bouygues Construction) est d’être coté en bourse.

Parmi les acteurs nationaux n’ayant pas établi de trajectoire carbone pour leur activité de promotion immobilière, plus émissive que celle d’une foncière, le groupe coté Altarea assure que la démarche est en cours. Le numéro 2 français compte « réduire de 50% (en intensité surfacique) les émissions de gaz à effet de serre des activités de promotion entre 2019 et 2035 ». L’apport de sa marque résidentielle Woodeum, en avance sur la RE2020, devrait aider.

Outre Demathieu Bard Immobilier qui est en train d’établir un plan pour réduire son empreinte carbone, citons également Emerige, qui n’en avait pas l’an dernier. Le 16e promoteur français est désormais engagé dans une trajectoire en ligne avec l’Accord de Paris. Adopté en 2015, celui-ci vise une limitation du réchauffement climatique mondial à +1,5°C par rapport à la période préindustrielle, entre 1850 et 1900.

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