Au détail c’est compliqué, vive la vente en bloc ! Comme au deuxième semestre (S2) 2022, Kaufman & Broad a privilégié au S1 2023 les investisseurs institutionnels. Les assurances, banques, etc. ont ainsi représenté 76% de ses réservations de logements en volume, contre 44% au 1S 2022.
Le P-DG Nordine Hachemi concède, en conférence de presse le 13 juillet, que « les coûts ne sont pas les mêmes car il n’y a pas de frais commerciaux et marketing, ce qui fait que nous ne sommes pas tellement éloignés » des tarifs aux particuliers. La décote entre prix payés par les « zinzins » et prix payés par les particuliers, qui perdent du pouvoir d’achat à cause de la remontée des taux d’intérêt depuis début 2022, n’est pas communiquée.
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Moins de logements vendus
Le 6e promoteur de France, dont l’activité en 2022 provenait à 88% du résidentiel, a vendu au total 2 235 logements ces six premiers mois, contre 2 525 à la même période en 2022. Le chiffre d’affaires (CA) issu de ses appartements, maisons et résidences gérées s’est élevé à 461M€ (-4% sur un an).
Nordine Hachemi confirme que son groupe a repris « un certain nombre » des opérations HLM stoppées en 2022, soit quelques centaines de logements, à cause de la hausse du coût de construction et du rythme annuel de révision des prix des bailleurs sociaux.
Quelques heures après la conférence de presse de Kaufman & Broad, ses clients étaient soulagés par la décision du gouvernement de maintenir le taux du Livret A à 3%. « Une hausse de 1% (...) aurait eu pour impact un nouvel enchérissement de la charge financière des bailleurs sociaux de l’ordre de 1,4Md€ en année pleine », selon l’Union sociale pour l’habitat (USH). Allez, une épine en moins dans le pied des organismes HLM, qui pèsent 30% dans la production de Kaufman & Broad.
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Belle performance de l’immobilier d’entreprise
Dans ce contexte peu réjouissant pour sa jambe forte résidentielle, Kaufman & Broad s’en est remis à l’immobilier d’entreprise. Marché cyclique, comprenant la logistique, le bureau et le commerce, qui a généré 381M€ de CA (+336%), soit 45% de son activité globale. Celle-ci a été tirée par la méga opération mixte Austerlitz A7A8, qui « se déroule conformément au planning », souligne Bruno Coche, directeur de la trésorerie.
La récente cession en vente en l’état futur d’achèvement (Vefa) d’une partie du programme au groupe hôtelier Pestana a de quoi donner confiance à Kaufman & Broad. L’hôtel 4 étoiles de 210 chambres en question doit être livré en 2027 au milieu des bureaux, locaux associatifs… qui composent l’ensemble immobilier de près de 100 000 m².
« Faire du chiffre d’affaires, c’est facile »
En ajoutant les 7M€ provenant d’autres sources de revenus (résidences services, maîtrise d’ouvrage déléguée…), le CA global s’est élevé à 849M€ (+48%). « Faire du chiffre d’affaires, c’est facile pour un acteur comme Kaufman & Broad, tempère Nordine Hachemi. Il suffit de payer cher des terrains et vendre pas cher les premiers 40% du programme » pour atteindre un taux de pré-commercialisation qui le sécurise.
Si des opérations continuent à être repoussées pour protéger la marge, le promoteur affiche un backlog résidentiel équivalent à deux ans d’activité. Au-delà, les eaux sont troubles. « Nous avons besoin d’une stabilisation des taux, pas d’une baisse, pour accélérer sur l’acquisition de terrains » et réenclencher une dynamique de mises en chantier, confie Nordine Hachemi. Ces opérations futures seront synonymes de « cash » pour le groupe coté, qui doit rémunérer ses actionnaires.