Vous avez récemment acquis dix actifs logistiques en France, en Italie et en Espagne. Pourquoi miser sur ce marché ?
Nous misons sur les tendances de long terme. D’un côté, la demande locative est très forte, car portée par la demande des clients sur Internet. De l’autre, le développement de nouveaux mètres carrés logistiques devient de plus en plus compliqué, faute de solutions disponibles. C’est pourquoi ces prochaines années nous allons continuer à regarder la logistique urbaine, car il faut réduire les distances, et les entrepôts classiques.
La moitié de ces actifs acquis sont dédiés à la logistique frigorifique, énergivore. Cela va-t-il s’accompagner de travaux de rénovation énergétique ou d’investissements en R&D pour cocher la case ESG ?
Ils sont énergivores mais nécessaires car ils correspondent aux besoins de la population. En outre, notre approche sur l’ESG est assez ferme. Nous avons signé une charte interne en 2011, nos actifs ont tous des notes ESG : consommation, accessibilité… La note n’est pas une fin en soi, mais cela nous permet de fixer des objectifs, afin d’améliorer les notes. Concernant notre organisation interne, l’asset manager travaille avec une équipe ESG dédiée et la direction technique, pour qu’il rentre dans le plan pluriannuel de travaux, actif par actif.
Hors logistique, quelles classes d’actifs immobiliers secondaires allez-vous faire monter en puissance ces prochaines années ?
La santé, avec les Ephad et les résidences seniors. Nous en avons pas mal dans le pipeline, car il y a une tendance démographique de fond dans tous les pays européens. Nous regardons dans une moindre mesure les cliniques de soins de suite et de réadaptation (SSR), pas les MCO (NDLR : cliniques de médecine, de chirurgie et d’obstétrique). Concernant les habitats alternatifs qui visent le maintien à domicile des seniors, nous ne croyons pas à l’immeuble intergénérationnel. Les opérateurs nous disent que cela marche au niveau d’un quartier, pas d’un pâté de maison.
La montée en puissance de la logistique et de la santé va-t-elle se faire au détriment du bureau, qui constitue la majorité de votre patrimoine ?
Sur le bureau, notre approche très conservatrice consiste à se concentrer sur les principales zones tertiaires : Paris intra-muros, Neuilly-sur-Seine, Levallois-Perret, Vincennes. Nous allons aussi nous focaliser sur la gare Nanterre-La Folie. Ce quartier en devenir de 76 ha, à proximité immédiate de La Défense, va bénéficier de l’arrivée du RER E et de ligne de métro 15. Nous souhaitons nous concentrer sur les bureaux flexibles, situé dans un environnement tertiaire pour répondre au besoin d’échanges entre entreprises, avec une offre de loisirs et des logements. Ce ne sera pas forcément dans le QCA (NDLR : quartier central des affaires, où les prix sont les plus élevés). Comme il faut attirer les jeunes, nous n’irons pas dans la deuxième couronne francilienne, trop excentrée. En régions, nous sommes toujours situés à proximité des gares TGV : Part-Dieu à Lyon, Saint-Jean à Bordeaux…
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De quel type de bureaux allez-vous vous séparer ?
Il y en aura assez peu, pour des questions de plus-value. Notre portefeuille actuel correspond à nos objectifs.
Qu’en est-il de votre stratégie sur le commerce physique, fragilisé par le commerce en ligne ?
Nos dernières grosses acquisitions datent de 2018. Notre stratégie, c’est le centre-ville, qui a souffert des fermetures administratives et de l’absence des touristes. Nous ne reviendrons pas cette année, sauf s’il s’agit d’emplacements emblématiques. Mais nous allons nous repositionner sur l’hôtellerie, un autre secteur qui a souffert, mais qui va rebondir avant le commerce. D’où notre intérêt pour les loisirs à destination des touristes européens. Je pense aux campings, en plein forme, et à des hôtels en Espagne ou sur la Côte d’Azur. En témoigne la récente acquisition d’un hôtel à Barcelone, avec une décote Covid au-dessus de 10 %. Les hôtels business, ce sera pour bientôt. Par contre, le tourisme long-courrier, ce ne sera pas pour tout de suite.
Comment allez-vous vous comporter sur le logement ?
Nous y sommes depuis 2013 via de la Vente en l’état futur d’achèvement (Vefa). Nous allons continuer. En première couronne et dans les métropoles : Lille, Lyon, Bordeaux, Nantes, Rennes, Nice... Dans le résidentiel classique et les bureaux transformés en logements, afin de répondre aux besoins.