Performance énergétique des bâtiments : quelle stratégie pour éviter "l'effet rebond" ?

⚠️ HTML Subscription Block Access Rights – IPD Block Test

Le Centre d’analyse stratégique (CAS) vient de publier une note formulant des propositions pour lutter contre ce phénomène de surconsommation induit par une meilleure performance énergétique des bâtiments et des équipements.

Image d'illustration de l'article
Rebond

On connaissait l'effet papillon (un événement apparemment anodin créant une suite de réactions en chaîne et provoquant une catastrophe) ou encore l'effet placebo (l'effet bénéfique sur une pathologie d'une substance n'ayant a priori aucune vertu curative, effet produit par la persuasion psychologique). Voilà que les spécialistes des questions de performance énergétique se mobilisent de plus en plus pour se prémunir d'un phénomène qui n'est pas loin d'être un mélange des deux premiers effets cités : l'effet rebond.

Un terme qui désigne "l’annulation des gains de performance énergétique obtenus par la diffusion du progrès technique, du fait d’une utilisation accrue des ressources". En clair, les comportements de consommation minent les économies d’énergie rendues possibles par l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments et des appareils. Selon le raisonnement "mon équipement consomme moins d'énergie donc je sollicite plus mon équipement", on a ainsi pu constater que l’« effet rebond » peut annuler de 5 % à 50 % des gains d’énergie obtenus grâce au progrès technique. Et dans le cas de l’amélioration de l’efficacité d’un système de chauffage, qu'il existe un décalage moyen d’environ 30 % entre les économies prévues et celles qui sont effectivement réalisées...(1)

Modifier les comportements

Saisi de cette question, le Centre d’analyse stratégique (CAS, institution d’expertise et d’aide à la décision placée auprès du Premier ministre) a donc formulé des propositions pour déclencher une modification des comportements, indispensable complément des campagnes de construction et de rénovation de logements, pour éviter l'effet rebond.

S'appuyant notamment sur des expériences menées localement en France (voir Focus), le CAS propose quatre exemples d'incitations qui "méritent d’être expérimentées à grande échelle" :

1. La mise en place, en partenariat avec des collectivités locales, de concours récompensant les immeubles, les quartiers, les communes, les familles… réalisant les « meilleures » économies d’énergie ;

2. La diffusion aux habitants de logements anciens qui ont récemment réalisé des travaux de rénovation thermique, lors de l’envoi de la facture d’électricité, de fuel ou de gaz, d’informations sur les économies d’énergie théoriquement attendues après travaux, et sur celles, moins importantes, qui seront effectivement réalisées si leurs habitudes de consommation n’évoluent pas (effet rebond) ;

3. La diffusion aux habitants de logements neufs, lors de l’envoi de la facture d’électricité de fuel ou de gaz, d’informations sur la consommation moyenne d’un ménage « économe » de taille identique, en comparaison de leur propre consommation ;

4. La diffusion aux particuliers des coûts et des bénéfices que représentent l’évolution de pratiques ou l’acquisition d’appareils économes en électricité, par l’intermédiaire de leur facture d’électricité et de messages électroniques (SMS, mails).

Tout l’enjeu de cette note est donc bel et bien de faire des pratiques d’économie d’énergie une norme sociale. Le CAS s'appuie d'ailleurs sur l'exemple de la politique dans le domaine du tri des déchets ménagers, qui a fait ses preuves.

Signal-prix

Il n'en reste pas moins qu'une phrase glissée au milieu du rapport interpelle : "Les incitations fondées sur le signal-prix sont les plus pertinentes pour encourager les économies d’énergie".

Le CAS explique en effet dans son étude que "lorsqu’ils entreprennent des travaux d’amélioration énergétique, les Français pensent d’abord à réduire leur facture d'énergie". Dès lors, fixer un prix de l'énergie suffisamment élevé pour les "forcer" à réaliser ces travaux de performance énergétique, à installer des équipements performants et à adopter des comportements économes serait en définitive la solution ultime.

Seulement, "l’utilisation de ce seul signal peut se révéler difficilement acceptable", explique le CAS. En effet d'après le Baromètre de l'opinion du CGDD (commissariat général au Développement durable), en 2010, 39 % des Français estiment déjà que le coût du chauffage est trop élevé et le quart d’entre eux fait le même constat pour celui de l’eau chaude et de l’éclairage.

Dès lors, cette utilisation du facteur prix "doit s’accompagner de mesures d’accompagnement social et de pédagogie".

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Construction et talents
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires