Réemploi et menuiseries, un mariage compliqué mais pas impossible

Depuis deux ans le bureau d’études charentais-maritime En Réemploi accompagne les maîtres d’ouvrage dans la réutilisation de matériaux du bâtiment. Pour Julien Djian, son créateur, « les menuiseries sont les matériaux les plus difficiles à réemployer ».

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En Réemploi, Djian
Julien Djan, fondateur du bureau d'études En réemploi à Romégoux (Charente-Maritime).

Ingénieur en bâtiment Julien Djian a choisi depuis deux ans de se spécialiser dans le réemploi. Le siège de son bureau d’études se situe chez lui à Romegoux (Charente-Maritime), une maison qui lui sert également de vitrine puisque c’est dans ce lieu expérimental qu’il a mis en pratique ce qu’il a appris. Aujourd’hui, il intervient sur l’ensemble du département principalement comme assistant à maîtrise d’ouvrage et maitrise d’œuvre pour, notamment, faire du diagnostic ressources et du sourcing de matériaux.

Le blocage de la technique

Parmi les matériaux les plus complexes à réutiliser figurent les menuiseries, et en particulier les menuiseries extérieures. « Chez moi, environ 60 % des menuiseries sont issues du réemploi, toutes mes portes proviennent de chantiers et certaines fenêtres également d’erreurs de côtes », présente Julien Djian. La difficulté vient notamment de l’aspect technique des menuiseries extérieures et de leur triple utilité : protection contre les effractions, étanchéité à l’air et à l’eau, et isolation thermique. « Le premier enjeu est de s’assurer d’une dépose ainsi que d’un stockage de qualité et de vérifier les performances du vitrage. Il faut également retrouver les caractéristiques techniques des menuiseries », détaille le professionnel qui précise : « On peut également procéder à des tests en laboratoire, mais ça reste complexe et coûteux ». Avec l’évolution constante des normes thermiques, il est aujourd’hui peu probable que des portes ou fenêtres issues de dépose d’un bâtiment ancien puissent reprendre leur fonction initiale dans un bâtiment neuf. « Cela ne veut pas dire qu’elles sont inutilisables », nuance Julien Djian.

Réinventer la mission de l’archi

Un changement d’usage permet souvent de prolonger la vie de ces éléments : une porte peut devenir une table, des vitrages simples peuvent être intégrés à une double peau, conservant ainsi leur étanchéité sans pour autant assurer l’isolation thermique. « Certaines entreprises vont plus loin en pratiquant le surcyclage. Une démarche particulièrement pertinente lorsqu’il s’agit de menuiseries anciennes, que l’on souhaite préserver tout en les adaptant aux exigences actuelles ». Pour Julien Djian, cette approche réinvente aussi la mission de l’architecte puisque ce dernier « se met au service de la matière disponible ».

Côté approvisionnement, le professionnel ne manque pas de ressource et s’appuie notamment sur un réseau d’architectes, des plateformes physiques ou virtuelles voire directement auprès des menuisiers. En échangeant avec Julien Djian on s’aperçoit rapidement que le réemploi est également une activité de partage de « bons plans » où les professionnels engagés dans la même démarche que la sienne se tiennent au courant de leurs besoins et n’hésitent pas à se refiler des tuyaux.

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