« Une sacrée mobilisation ! ». Samir Baïri, secrétaire national à la CFDT Construction, ne cache pas sa satisfaction à l’issue des manifestations du 7 mars contre la réforme des retraites. « Pour représenter le BTP à Paris, nous étions surtout des élus et des personnes syndiquées, mais nous avons tout de même été rejoints pour défiler par des sympathisants salariés du secteur, dont des Etam et quelques cadres. »
Au sein des cortèges, on parle pénibilité et inaptitude. «A 55 ans, un salarié qui a toujours travaillé dans le bâtiment est broyé de partout : cette réforme est inacceptable ! », tonne Christophe Julhes, secrétaire général à la CFDT Construction Picardie. Le syndicaliste, qui a débuté sa carrière dans le secteur à 18 ans, devait à l’origine s’arrêter à 60 ans. « Si la loi passe, ce sera 62 ! »
Samir Baïri pointe quant à lui les effets d’une déclaration d’inaptitude à 60 ans. « Non seulement, la personne devra attendre sa retraite jusqu’à 62 ans avec une baisse de revenus, mais elle aura, au cours de cet intervalle, cotisé dans de moindres proportions, ce qui fera baisser le montant de sa pension. »
Mais les compagnons ne sont pas les seuls concernés par la pénibilité. « Avec l’avènement du lean management pour des enjeux de rendement et la pression psychologique qui s’ensuit, les cadres ne sont pas épargnés, dénonce l’élu. Par ailleurs, la question du pouvoir d’achat et de l’inflation s’invite de plus en plus souvent dans les échanges. »
Plusieurs chantiers arrêtés dans l’Aisne, la Somme et l’Oise
Au sein du BTP, on manifeste aussi son opposition à la réforme sur les chantiers. « Dans l’Aisne, à Laon, nous avons mobilisé une agence d’Eiffage Travaux publics de 130 personnes », relate Christophe Julhes. Sur 90 compagnons, près de 70 personnes ont débrayé, accompagnées par une dizaine d’élus d’autres entreprises. « Le but était de se rassembler à l’agence pour passer un moment de convivialité, avant de rejoindre les manifestations l’après-midi, poursuit le responsable cédétiste. Une action qui a bloqué entre 15 et 20 chantiers un peu partout dans la région, dans l’Oise et dans la Somme. »
Et d’ajouter : « Nous avions bien préparé notre action et ciblé le lieu. Mais il semble que, par ailleurs, les tentatives d’arrêt de chantiers n’aient pas vraiment fonctionné ». Comme le rappelle de son côté Samir Baïri, « il est plus difficile de bloquer un chantier qu’une usine. Nous sommes, de plus, au cinquième jour de grève, bien conscients des répercussions en termes de pouvoir d’achat pour les bas salaires. » L’idée était avant tout « de mobiliser et sensibiliser les salariés sur les chantiers, comme à Amiens, Caen ou Toulon, avec des mouvements festifs d’une ou deux heures autour d’un petit-déjeuner ou d’un barbecue ».
Autre enjeu de cette journée de mobilisation pour les syndicats : attirer de nouveaux adhérents. « En un peu plus d’une heure, nous avons recueilli pas moins de18 adhésions », se félicite Christophe Julhes.