Travailler sur les toits de Bordeaux, avec la chaleur, «c'est difficile» estime Grégory Bourget, couvreur

A Bordeaux comme partout en France - sauf à Brest - la canicule est présente. Dans le secteur du BTP, la principale difficulté est de travailler sur les toits considère Grégory Bourget, responsable du chantier du Palais de la Bourse.

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BTP canicule toit
« Je bois entre 4 et 5 litres d'eau par jour », indique Victorien Belaud

« C'est difficile, très difficile », souffle Grégory Bourget, couvreur, juché sur le toit du Palais de la Bourse en plein centre de Bordeaux. Il est 11h00 en cette fin de semaine, et sous le ciel d'azur, la chaleur est déjà écrasante.

Il fait plus de 32°C. Perchée à 25 m du sol, une équipe de trois couvreurs s'affaire depuis 6h30 sur les toits d'un immeuble historique qu'occupe la Chambre du commerce et d'Industrie, dont ils refont la couverture.

Pour protéger ces compagnons du soleil - ou de la pluie  - un atelier bâché a été aménagé au sommet du labyrinthe d'échafaudages. « Il y a même un frigo », qui côtoie outils et autres matériaux de chantier, « ça permet de garder l'eau au frais. On a même du sirop pour avoir un peu de sucre », précise le quadragénaire.

M. Bourget, responsable du chantier, a du revoir toute l'organisation du travail : « Le matin, on se concentre sur tout ce qui est au soleil et l'après-midi sur tout ce qui est à l'ombre  », explique-t-il, le front déjà en sueur. « L'après-midi, on s'occupe de tout ce qui demande le moins d'énergie », ajoute son collègue, Guillaume Lambert, 30 ans, coiffé d'un chapeau de paille.

Toutes ces précautions - en plus du port du masque ou de la distanciation physique, coronavirus oblige - sont réglementaires.

Dans une note publiée début août, la Direction générale du travail (DGT) rappelle que les entreprises sont tenues d'aménager les horaires de travail pour éviter au maximum l'exposition des ouvriers à la chaleur, surtout quand il y a « effort physique soutenu  ».

Entre 60 et 75 degrés

La DGT ajoute également qu'il faut « assurer à ses salariés un approvisionnement régulier et facile en eau potable et fraîche ». Au moins trois litres par personne. Et à Bordeaux, ce jour-là, la température attendue l'après-midi est de 37°C. L'hydratation devient alors une priorité. « Je bois entre 4 et 5 litres d'eau par jour », indique Victorien Belaud, 28 ans, qui s'offre « un coca à midi pour se redonner de la force ».

D'autant que ce chantier, qui se tient sur un monument historique, est bien particulier. Les couvreurs y sont amenés à travailler des matériaux tels que le cuivre, le plomb et l'ardoise. Ces matériaux, avec le soleil et la réverbération, « chauffent énormément  », explique Grégory Bourget. À certains moments, « on ne peut plus toucher l'ardoise, même avec des gants », ajoute M. Lambert. Il faut donc les mettre à l'ombre, quand c'est possible. Et ne pas laisser les outils en plein soleil, « sinon ça devient brûlant », dit M. Belaud.

Au soleil, « on travaille en permanence entre 60 et 75°C  », dit un des compagnons qui ont posé sur une arête de toit un thermomètre de cuisson, « il a pointé jusqu'64°C. Un thermomètre normal aurait explosé », dit un autre.

Malgré tout, la chaleur ne cesse de freiner la progression du travail. « On n'est pas rentable par rapport à une journée normale, on est au ralenti », confie Grégory Bourget.

« Dans notre métier, on est toujours victime du froid, de la pluie ou de la chaleur », conclut leur patron,  Sébastien Bouchet, de la SARL Bouchet Couverture, basée à Cognac (Charente-Maritime).

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