Certaines dates de péremption peuvent être allègrement dépassées. C’était le cas pour les concessions hydroélectriques, le plus souvent exploitées par EDF. La France, rétive à l’idée de relancer une procédure de mise en concurrence, refusait obstinément de les renouveler, comme l’exige pourtant le droit européen. Après des mois d’âpres négociations, un compromis avec Bruxelles a enfin été trouvé. Un accord qui offre une solution juridique, sans épuiser toutes les questions pratiques (lire p. 53).
Il devenait pressant de s’extraire de la situation incertaine dans laquelle les barrages hexagonaux s’envasaient. Tant que le cadre réglementaire des prochaines décennies n’était pas connu, il était inenvisageable pour les exploitants d’engager des investissements d’ampleur. Or, ceux-ci ne sauraient attendre : les infrastructures hydroélectriques françaises ont besoin d’un bon coup de jeune.
L’eau douce, on l’oublie trop souvent, est la deuxième source de production électrique après l’atome.
Arrivé début mai à la tête d’EDF, Bernard Fon-tana a immédiatement fait de la modernisation des centrales hydroélectriques une priorité. Avec une enveloppe à la hauteur des enjeux : plus de 4 milliards d’euros sont fléchés pour augmenter la puissance du parc. Un chiffre qui, même loin de la centaine de milliards estimée pour les trois premières paires d’EPR 2, permet d’envisager de sérieux travaux sur les cours d’eau. D’autant plus que l’autre acteur majeur de l’hydroélectricité - CNR - s’apprête lui aussi à investir le long du Rhône, dont il est concessionnaire.
L’eau douce, on l’oublie trop souvent, est la deuxième source de production électrique après l’atome. Une énergie renouvelable et pilotable, parfaitement adaptée aux enjeux de la transition énergétique mais dont le développement se trouve fortement bridé par les exigences environnementales. Après des décennies de travail, le dernier grand projet de barrage, Rhônergia dans l’Ain, a ainsi été abandonné devant les oppositions locales. Une seule solution : la rénovation. La remise à niveau du vaste patrimoine national est une urgence absolue. Allez, on turbine !